Economie

En Turquie, la campagne de boycott force la fermeture de KFC et Pizza Hut

En Turquie, la campagne de boycott force la fermeture de KFC et Pizza Hut

La campagne de boycott en soutien à Gaza continue d’avoir des répercussions économiques majeures. En Turquie, la pression populaire contre les marques associées à Israël a contribué à un événement inédit : la fermeture de 537 restaurants KFC et Pizza Hut à travers le pays.

Yum! Brands, le groupe américain propriétaire des deux enseignes, a annoncé le 8 février 2025 la résiliation de son contrat avec İş Gıda, l’opérateur local de ses franchises en Turquie. Résultat : une faillite retentissante, des dettes dépassant 7,7 milliards de livres turques (214 millions de dollars) et plus de 7 000 employés laissés sans emploi.

Un effondrement accéléré par le boycott

Officiellement, Yum! Brands justifie sa décision par le non-respect des standards de qualité par İş Gıda. Pourtant, le timing interroge. Depuis le début de l’offensive israélienne sur Gaza en octobre 2023, les appels au boycott des entreprises perçues comme pro-israéliennes se sont multipliés en Turquie.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon plusieurs rapports, les ventes de KFC en Turquie ont chuté de 40 % ces derniers mois. Une situation qui a aggravé les difficultés financières déjà existantes d’İş Gıda, entraînant l’arrêt brutal de ses activités.

La montée en puissance du boycott en Turquie

Ce qui a commencé comme un mouvement populaire spontané s’est rapidement transformé en une véritable pression économique.

  • Les institutions publiques turques ont pris des mesures fortes : les chemins de fer nationaux et la compagnie aérienne Turkish Airlines ont supprimé les produits issus d’entreprises soutenant Israël.
  • Plus de 45 municipalités affiliées au Parti de la justice et du développement (AKP) ont banni ces mêmes produits de leurs établissements.
  • Le parlement turc a suivi en retirant ces marques de ses infrastructures.
  • Le 2 mai 2024, le ministère turc du Commerce a décrété un gel total des relations commerciales avec Israël, conditionnant leur reprise à l’ouverture d’un corridor humanitaire sans restriction vers Gaza.
  • Le gouvernement d’Erdogan a également boycotté le Forum économique de Davos, accusé de soutenir la politique israélienne.

Un impact majeur sur l’économie et les grandes entreprises

Au-delà des décisions gouvernementales, la pression populaire a eu un impact significatif sur plusieurs grandes entreprises :

  • Le groupe énergétique Zorlu Holding, plus grand investisseur turc en Israël, a été contraint de vendre ses parts dans trois sociétés israéliennes pour un montant dépassant 1 milliard de dollars.
  • Le marché des boissons gazeuses en Turquie a été lourdement impacté, avec une baisse de 50 % des ventes des marques internationales identifiées comme soutenant Israël.
  • Les entreprises concernées tentent désormais de limiter les dégâts en proposant des remises et promotions massives, mais les consommateurs turcs restent déterminés à poursuivre leur boycott.

Le boycott, une arme économique redoutable

Selon Hüseyin Özkan, chercheur en économie politique, cette mobilisation ne relève plus du simple geste symbolique. Il affirme que le boycott en Turquie est devenu une force économique qui façonne les décisions stratégiques des entreprises mondiales.

« Le retrait de KFC et Pizza Hut ne se limite pas à une faillite locale. C’est un signal fort pour toutes les entreprises internationales qui doivent désormais prendre en compte l’opinion publique dans leur stratégie commerciale. »

Cependant, il met en garde contre une baisse potentielle de l’intensité du mouvement à la suite de l’annonce d’un cessez-le-feu à Gaza. Certains groupes pourraient tenter de regagner leur part de marché à travers des campagnes marketing agressives.

Un changement durable ou une pression temporaire ?

L’effet de cette mobilisation sans précédent soulève plusieurs questions :

  • Les entreprises internationales vont-elles modifier leur approche vis-à-vis de la Turquie ?
  • Le boycott pourrait-il s’étendre à d’autres secteurs et pays ?
  • Ce type de pression populaire est-il viable sur le long terme ?

Quoi qu’il en soit, la fermeture massive de KFC et Pizza Hut en Turquie montre que les décisions des consommateurs peuvent, lorsqu’elles sont organisées et soutenues, faire plier des géants de la restauration rapide.

La mobilisation ne se limite donc plus à des manifestations de rue, elle se traduit par un impact concret sur les multinationales, obligeant celles-ci à reconsidérer leurs engagements et leurs liens politiques.

 

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