Le président américain Donald Trump a déclenché, ce dimanche 15 juin, une vaste campagne d’expulsions visant spécifiquement les villes de Los Angeles, Chicago et New York, qualifiées de « noyau central du pouvoir démocrate ». L’annonce a été faite sur Truth Social, sa plateforme personnelle, où il promet « le plus grand programme d’expulsions massives de l’histoire » des États-Unis.
Derrière ces mots chocs, une offensive ciblée contre les grandes villes sanctuaires du pays, connues pour leur protection des immigrés sans papiers, et dirigées par des autorités démocrates. Le président y dénonce une prétendue « invasion » et accuse les élus locaux « d’avoir l’esprit malade » et de « détruire nos centres-villes ».
Un climat de tension croissante : couvre-feu à Los Angeles, déploiement militaire
À Los Angeles, la riposte présidentielle ne s’est pas limitée aux paroles. Des descentes répétées de l’ICE (Immigration and Customs Enforcement) ont provoqué des manifestations parfois violentes. Pour y faire face, Trump a ordonné le déploiement de 4000 gardes nationaux et de 700 Marines, une décision prise sans le consentement du gouverneur de Californie ni de la maire de Los Angeles, Karen Bass.
Face à la montée des tensions, cette dernière a annoncé la prolongation du couvre-feu instauré le 10 juin. « Nous ne savons pas combien de raids auront lieu ni leur nature exacte. Mais leur impact sur la population est déjà considérable », a-t-elle déclaré sur la chaîne KTLA.
Un ciblage assumé des populations latino-américaines
Les nouvelles directives de Trump visent principalement les immigrés latino-américains, dont beaucoup occupent des emplois essentiels dans les secteurs de la restauration, de la logistique et de la construction. En pleine relance économique, cette décision pourrait profondément perturber l’équilibre du marché du travail dans plusieurs grandes métropoles.
Le président affirme pourtant que ces mesures sont nécessaires pour « inverser la marée de la migration de destruction massive qui transforme nos villes en scènes de dystopie du Tiers-Monde ». Des propos qui résonnent avec sa rhétorique ultra-nationaliste et sécuritaire, déjà au cœur de sa première campagne présidentielle.
Une stratégie politique aux enjeux électoraux clairs
Au-delà de la question migratoire, cette opération semble également répondre à un calcul politique. En ciblant frontalement les bastions démocrates, Donald Trump cherche à cristalliser le soutien de son électorat conservateur tout en imposant ses thèmes de campagne dans le débat public.
Le timing n’est pas anodin. Alors que des centaines de milliers de manifestants se mobilisent dans plusieurs villes sous le slogan « No Kings » pour dénoncer les dérives autoritaires du président, celui-ci adopte une ligne de confrontation directe. Il accuse les démocrates « d’aimer les frontières ouvertes » et « de promouvoir des idéologies destructrices », tout en donnant à l’ICE l’ordre de « concentrer ses efforts sur les centres-villes criminogènes et meurtriers ».
Vers une redéfinition autoritaire de la politique migratoire ?
Cette escalade répressive marque un tournant dans la politique migratoire américaine. En renforçant les pouvoirs de l’ICE, en militarisant la réponse aux contestations locales, et en imposant une ligne dure contre les migrants, Trump imprime une nouvelle doctrine : celle de l’expulsion comme outil de contrôle politique intérieur.
Sur le plan international, cette stratégie pourrait fragiliser les relations avec les pays d’Amérique latine, tout en accentuant les critiques sur les atteintes aux droits humains.
À l’intérieur, elle risque de provoquer une radicalisation des positions, d’alimenter les tensions communautaires, et de menacer l’équilibre des pouvoirs entre État fédéral et gouvernements locaux.
Cette posture soulève des questions fondamentales : jusqu’où un président peut-il aller, au nom de la sécurité intérieure, sans mettre en péril les fondements démocratiques de son propre pays ?
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