Economie

Encore un “miracle” tunisien…en pleine crise du coronavirus, l’investissement industriel augmente de 23% !

Encore un “miracle” tunisien…en pleine crise du coronavirus, l’investissement industriel augmente de 23% !

L’agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (APII) vient de publier sa note périodique de conjoncture au titre du mois de février 2020. Selon les données annoncées, l’investissement déclaré dans le secteur industriel s’est situé à 729.3 Millions de Dinars durant les deux premiers mois de l’année en cours soit un accroissement de 23.2% par rapport à la même période de l’année précédente.

La progression en ce qui concerne la branche des industries mécaniques et électriques est de l’ordre de 151.3%, pour le cuir et chaussures, l’évolution dépasse 116%. Des chiffres à couper le souffle !

Par ailleurs, plusieurs indices montrent clairement que ces chiffres « miraculeux » sont biaisés et ne reflètent en aucun cas la réalité de l’investissement au niveau du secteur, puisque les données de l’APII portent juste sur des intentions déclarées et qui sont souvent peu ou non réalisées.

A ce titre, l’ex-directeur général de l’agence, Samir Bechouel a tenu à souligner lors d’une présentation des chiffres de l’investissement industriel en juillet 2018 que les investissements déclarés ne sont généralement concrétisés qu’après une certaine période de la déclaration vu les diverses procédures qui accompagnent le lancement des projets. Il a précisé que le taux de réalisation des investissements déclarés ne dépasse pas 50%. Ceci dit, uniquement la moitié des projets sont effectivement créés.

Néanmoins et compte tenu de l’immobilisme qui caractérise la situation des services administratifs et financiers, notamment, ces derniers temps et au vu de la baisse significative du financement de l’investissement (3.6% en 2019), on peut affirmer que le taux de réalisation des intentions d’investissement varie, dans les meilleures des cas, entre 20 et 30%.

La baisse constante de l’indice de production industrielle tout au long de l’année dernière qui a atteint 3.1% et l’évolution insignifiante et des exportations du secteur estimée à 0.4% au terme du mois de février 2020, corroborent parfaitement le constat fait précédemment au niveau de la baisse certaine et forte de l’investissement dans ce créneau clé de l’activité économique.

Il est à indiquer que plusieurs parties professionnelles et des think tanks n’ont cessé de réagir à la situation désastreuse du secteur industriel en Tunisie. Une récente étude effectuée par le Conseil d’analyses économiques (CAE), a mis en garde contre les risques de déliquescence de l’industrie nationale par l’effet du rôle nocif que jouent les monétaristes et les lobbys d’importateurs fort représentés au palais du Bardo et dans l’administration.

L’étude cite trois indices pour justifier ce déclin industriel, depuis les événements du 14 janvier 2011 : baisse continue de l’investissement avec la perte de 400 entreprises et de 40.000 emplois dans la seule filière du textile/habillement, cuir et chaussure, l’ouverture non maîtrisée des importations dopant l’économie parallèle et la suppression des incitations aux secteurs productifs.

Selon le CAE, le danger est réel : une politique économique «business as usual» ouvrirait la voie au scénario de récession, à la désindustrialisation et à la sortie de la Tunisie du monde de la création de valeur.

Le recul de la production industrielle au cours de 2019, après une quasi-stagnation du secteur au cours des 8 dernières années confirme, selon le think tank, l’éventualité d’un tel scénario.

Face à un tournant historique avec des défis majeurs à relever, le CAE a pris l’initiative d’élaborer un pacte pour la compétitivité économique et l’équité sociale, centré sur le secteur industriel. Il est adossé à vingt pactes sectoriels de compétitivité, tous fruit d’analyses approfondies et de multiples concertations.

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