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Energie : L’insuffisance d’investissements dans le gaz naturel provoquerait des chocs énergétiques

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Selon un récent rapport de l’Union internationale du gaz (IGU), intitulé « Global Gas Report 2023 », la production mondiale de gaz naturel, le combustible fossile considéré comme le moins polluant parmi ses homologues, connaît des tendances inquiétantes.

La diminution continue des investissements dans l’exploration et l’exploitation des gisements de gaz naturel pourrait avoir des conséquences graves à partir de 2030. Alors que le marché du gaz a montré une grande résilience en 2022, la situation actuelle ne doit pas occulter les défis à venir.

Légère augmentation de la production

En 2022, la production de gaz naturel a connu une légère augmentation de 0,5% par rapport à l’année précédente. Cette croissance modeste a été attribuée à une augmentation de l’offre en Amérique du Nord, au Moyen-Orient, en Europe et en Asie, qui a largement compensé la baisse de la production russe. Cependant, l’Afrique a enregistré une légère diminution de sa production de gaz au cours de la même période.

La demande mondiale de gaz a connu une baisse de 1,5 % en 2022 par rapport à 2021. Les régions les plus touchées par cette diminution étaient l’Europe et l’Asie, principalement en raison des chocs d’approvisionnement et de prix liés au conflit russo-ukrainien. Néanmoins, le marché mondial du gaz demeure sous-approvisionné, et sa sensibilité aux fluctuations de l’offre et de la demande reste préoccupante.

Diminution significative des investissements

Le rapport souligne également une tendance alarmante : la réduction significative des investissements dans le secteur gazier entre 2014 et 2020, soit une diminution de 58%. Bien que les investissements aient connu une légère reprise au cours des deux dernières années, la majeure partie de ces fonds est allouée aux projets d’extension de gisements existants, tandis que l’exploration de nouveaux champs gaziers est largement délaissée.

Plusieurs facteurs expliquent cette prudence des acteurs du secteur gazier. Tout d’abord, la transition énergétique en cours pousse de nombreuses entreprises à se détourner des combustibles fossiles, craignant des réglementations futures et des contraintes sur leur utilisation. De plus, les incertitudes concernant l’accès au financement et les politiques publiques restrictives ajoutent à l’hésitation des investisseurs.

Chiffres suscitant des inquiétudes

À moins d’un engagement en faveur d’investissements substantiels, la production cumulée des projets gaziers existants devrait diminuer progressivement. En 2023, la production atteindra environ 4 100 milliards de mètres cubes (m3), mais ce chiffre chutera à environ 3 134 milliards de m3 en 2030, à mesure que les gisements arriveront à maturité. Les perspectives à plus long terme sont encore plus préoccupantes, avec une prévision de production de 1 849 milliards de m3 en 2040, et de moins de 1 000 milliards de m3 au milieu du siècle en cours.

Ces chiffres suscitent des inquiétudes quant à la possibilité de pénuries énergétiques et de hausses des prix, des phénomènes qui risquent de devenir plus graves et fréquents à l’avenir. Ces défis sont d’autant plus importants que l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels, en investissant massivement dans les énergies renouvelables et en modifiant les comportements, est entouré d’incertitudes considérables à court et moyen terme.

Face à ces préoccupations, l’Union internationale du gaz recommande une approche équilibrée. Les investissements dans la chaîne de valeur du gaz naturel doivent se poursuivre pour répondre à la demande mondiale et à la croissance attendue dans certaines régions. Cependant, il est essentiel d’accélérer le développement des gaz renouvelables, tels que le bio-méthane et l’hydrogène vert, ainsi que des procédés de captage et stockage du dioxyde de carbone. Cette diversification vers des sources d’énergie plus propres pourrait contribuer à atténuer les risques liés à la dépendance excessive au gaz naturel et à prévenir d’éventuelles crises énergétiques dans les décennies à venir.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek