Economie

Envolée des prix des engrais : une nouvelle pénurie se profile

Envolée des prix des engrais : une nouvelle pénurie se profile

Les prix internationaux de référence des engrais ont augmenté tout au long de 2021, de nombreux cours atteignant des niveaux records. Les hausses les plus notables concernent les engrais azotés, et ce, selon une note récente sur les dernières évolutions du marché mondial des engrais élaborée par L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Les prix de l’urée, un des principaux engrais azotés, ont plus que triplé durant l’année.

Les prix des engrais phosphatés ont augmenté au même rythme. Ceux du phosphate diammonique, ou DAP, un des principaux engrais phosphatés composites, ont doublé, passant de 360 dollar américain (USD) la tonne à 726 USD la tonne sur cette même période. L’augmentation des prix des engrais DAP est clairement imputable à la hausse des prix du composant azote. Toutefois, la hausse des prix des engrais phosphatés a eu le même effet. On estime qu’elle compte pour environ 50% pour de l’augmentation globale des prix des DAP. En revanche, les prix de la potasse (engrais potassique) sont restés plus stables.

D’après le FAO, comme dans tous les marchés de produits, les prix des engrais sont déterminés par l’interaction entre l’offre et la demande. Du côté de l’offre, les prix de l’énergie sont élevés et en hausse, les échanges sont perturbés et les coûts de transport sont élevés, tandis que du côté de la demande, les prix des récoltes sont élevés, d’où une forte abordabilité.

On souligne aussi que le fait que les prix des engrais soient élevés et volatiles, ceci fait craindre une faible disponibilité d’engrais en 2022-2023, laquelle pourrait avoir des répercussions négatives sur la production alimentaire et la sécurité alimentaire.

Certes, les baisses des prix du gaz les plus récentes pourraient préfigurer un assouplissement notable du marché, qui est encore tendu, mais les disponibilités internationales d’engrais restent limitées, les stocks sont réduits et les tensions géopolitiques pourraient entraîner de nouvelles restrictions sur l’offre dans un court délai.

En Tunisie, la production des engrais, principalement, par le groupe chimique tunisien est très aléatoire et perturbée depuis plusieurs années par les troubles sociaux et les grèves dans les unités de production de la compagnie phosphate Gafsa au bassin minier. Des ruptures de stocks et des pénuries des engrais sont constatées depuis une longue période et le phénomène continue à sévir privant les agriculteurs de plusieurs matières premières de base vitales pour le secteur.

Il est à noter que le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche a annoncé, dernièrement, la reprise de l’approvisionnement en engrais essentiels, en particulier l’ammonitrate et le dioxyde de phosphate (DAP), auprès du Groupe chimique tunisien.

Le ministère a également, déclaré que la distribution des engrais, se poursuit, appelant les agriculteurs à coordonner avec les points de ventes officiels disponibles dans tous les gouvernorats, pour acquérir leurs besoins.

Néanmoins, le pays vit ces dernières années une grande pénurie en engrais notamment le DAP et l’ammonitrate à cause des mouvements sociaux et les protestations menés aussi bien dans le bassin minier de Gafsa et à Gabès, où se trouve les usines du Groupe chimique ; lesquels mouvements ont causé des ruptures répétitives de la production des engrais en Tunisie et incité à l’importation.

Environ 60 mille tonnes d’Ammonitrate agricole (engrais) ont été importées sur trois lots ces derniers mois pour combler la régression de la production nationale de cette matière et subvenir aux besoins des différentes zones de production.

Suite à ces perturbations, les prix des engrais agricoles ont été augmentés en juillet 2021, de 30 à 50%. Ainsi, le prix de l’ammonitrate est passé à 620 dinars /tonne contre 430 d/T auparavant. Le prix du DAP (Di-Ammonique Phosphate) est passé de 530d/T à 690 d/ T. S’agissant de celui du Super phosphate triple, le prix a atteint 600 d/T contre 460D/T.

Cette augmentation a été fortement critiquée les professionnels du secteur ayant estimé que l’agriculteur tunisien ne peut pas supporter ce coût.

Fin septembre dernier, un accord a été conclu entre le ministère de l’Agriculture et l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP) afin de fournir suffisamment d’engrais, aux agriculteurs. Selon le ministère, les deux parties ont également convenu de fixer le coût de vente aux producteurs, afin de lutter contre la hausse des prix.

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