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Éphéméride – 18 octobre 2005 : Islamistes et gauchistes main dans la main contre Ben Ali

Éphéméride – 18 octobre 2005 : Islamistes et gauchistes main dans la main contre Ben Ali

Il y a 16 ans, le 18 octobre 2005, huit figures de la scène politique et de la société civile tunisiennes entament une grève de la faim qui a duré 32 jours.

Sur une idée de Khemais Chammari, ancien vice-président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), Ahmed Nejib Chebbi, Hamma Hammami, Mokhtar Yahyaoui, Lotfi Hajji, Samir Dilou, Ayachi Hammami, Abderraouf Ayadi et Mohamed Nouri s’installent dans les trois pièces d’un cabinet d’avocats de Tunis et cessent de s’alimenter pour « réclamer la liberté d’organisation politique et associative, la liberté d’expression et une amnistie générale pour tous les prisonniers d’opinion ».

Pour certains, l’événement constitue un coup au régime de Ben Ali grâce à son succès escompté dans les médias internationaux au moment précis et bien choisi où Tunis accueillait le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI).

Le Mouvement du 18 octobre avait réuni les deux oppositions au pouvoir de Ben Ali : Islamistes et gauchistes main dans la main contre la « dictature ». Quelques années plus tard sur cette photo unique, les nouvelles composantes de la scène politique tunisienne prenaient quelque peu la pose.

Les islamistes, qui allaient prendre le nom d’Ennahdha, vont profiter du mouvement pour obtenir une certaine visibilité. D’ailleurs, le premier responsable étranger à rendre visite aux grévistes fut l’ambassadeur de Grande Bretagne, pays qui avait accordé l’asile politique à Rached Ghannouchi, leader du parti islamiste.

Selon certains observateurs, l’entourage de Ben Ali avait compris lors de cette affaire qu’il fallait opérer un rapprochement avec les islamistes. Mohamed Ghariani notamment, alors ambassadeur de Tunisie en Grande Bretagne, utilisera tout son entregent les mois suivants pour établir des contacts entre Rached Ghannouchi et Sakhr el-Materi, le gendre de Ben Ali.

Ironie de l’histoire, Mohamed Ghariani dernier secrétaire général du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) a été nommé conseiller de Rached Ghannouchi président de l’ARP gelée il y a bientôt trois mois.

Implosion de la gauche alliée aux islamistes

Dès les premières élections du 23 octobre 2011 le « front » du 18 octobre 2005 implosa ; Malgré une présence significative à la constituante, Ahmed Néjib Chebbi, Mustapha Ben Jaafar (qui avait soutenu le mouvement sans y participer) et les petits partis de la gauche tunisienne qui se sont alliés aux islamistes seront éliminés après le scrutin des élections législatives d’octobre 2014.

Après les élections de 2014, les deux forces qui menèrent le pays étaient Nidaa Tounes, un parti où les anciens du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), l’ex-parti de Ben Ali dissous en 2011, et les islamistes d’Ennahda ont pris le dessus sur le courant de gauche.

L’alliance de certains partis de gauche aux islamistes le 18 octobre 2005 ensuite après le 23 octobre 2011, s’est soldée par un désastre pour toute la gauche qui est partie en lambeaux et surtout par un échec retentissant qu’est la constitution de 2014 qui a donné naissance à un régime politique qui a ruiné le pays et réduit la population à la misère.

 

 

 

 

 

 

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