Société

Ephéméride -26 janvier 1978 : confrontation entre le gouvernement et l’UGTT

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44 ans après, le 26 janvier 1978 est toujours vif dans la mémoire de beaucoup de Tunisiens. Cette crise majeure entre le gouvernement et les syndicats, appelée le « Jeudi noir », a abouti à la première grève générale depuis l’indépendance et provoqué une révolte violemment réprimée.

Le 26 janvier 1978, appelé « Jeudi noir », a en effet été l’affirmation de la contestation sociale et politique en Tunisie indépendante. Il marqua une opposition radicale face au pouvoir, dénonçant les dérives autoritaires du régime.

Début des contestations

À la fin des années 1970, la Tunisie traverse une crise politique et sociale. Devant la dégradation de la santé du président, les luttes de succession au sein du régime freinent le développement du pays. Les divergences entre le parti au pouvoir depuis l’indépendance et l’UGTT dans la gestion des agitations sociales poussent le gouvernement à faire porter la responsabilité sur la centrale syndicale.

Première grève générale depuis l’indépendance

Le 20 janvier 1978, le comité central du parti au pouvoir vote une résolution réclamant l’épuration des « agitateurs » à la tête de l’UGTT. Des attaques contre les locaux de l’UGTT dans différentes villes, notamment à Tozeur et Sousse sont attribués aux sympathisants du parti au pouvoir.

Le 24 janvier, suite à l’arrestation d’Abderrazak Ghorbal, responsable de la branche locale de l’UGTT à Sfax, Habib Achour, secrétaire général du syndicat, appelle à une grève générale les 26 et 27 janvier.

La police a assiégé les locaux de la centrale dès le 25 janvier 1978. La situation dégénère : des milliers de travailleurs et de jeunes, parfois des chômeurs non-affiliés à l’UGTT, descendent dans les rues de Tunis. La grève se transforme en émeutes. La police est rapidement débordée et les confrontations s’enveniment malgré l’instauration du couvre-feu. Les édifices publics sont vandalisés et des dizaines voitures incendiées.

Malgré l’état d’urgence décrété par le président Habib Bourguiba, les manifestations se poursuivent. Pour la première fois depuis l’indépendance, le gouvernement dépoile l’armée.

Lourdes peines contre les leaders syndicalistes

Une fois le calme rétabli, le gouvernement procède à des arrestations et maintient l’état d’urgence et le couvre-feu jusqu’au 25 février et 20 mars suivants. Plusieurs grands dirigeants, dont Habib Achour et Abderrazak Ghorbal, sont arrêtés puis incarcérés. Treize autres écopèrent de peines allant de dix ans de travaux forcés à six mois de prison.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek