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Espagne : Sanchez pourrait être démoli par un scandale de corruption, sa femme aurait croqué la pomme

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«J’ai besoin de m’arrêter et de réfléchir» pour déterminer «si je dois continuer à être à la tête du gouvernement ou si je dois renoncer à cet honneur». C’est la version officielle servie hier mercredi 24 avril sur le réseau social X par le Premier espagnol, Pedro Sanchez, pour expliquer le gel de ses activités. Le leader de la gauche espagnole est dans la tourmente, englué dans une affaire de trafic d’influence et de corruption qui vise directement son épouse…

Du temps pour “réfléchir“, ce n’est pas ça qui arrangera les petites affaires de Sanchez, c’est qu’il faut c’est qu’il dimine très vite le terrain par une décision de justice qui innocente sa femme, sous le coup d’une enquête. Le camp d’en face, le Parti populaire (PP, la droite), aiguise les couteaux et ne ratera pas celui qui a survécu à tout et a miraculeusement monté un gouvernement suite aux dernières législatives, alors que sa majorité était très courte. Sanchez s’était allié aux indépendantistes pour passer au Parlement, depuis la droite rumine sa vengeance.

Le chef du gouvernement espagnol a indiqué qu’il arrêtera sa décision et l’annoncera devant les médias lundi prochain. La route de Sanchez, au pouvoir depuis 2018, pourrait bien s’arrêter ici. Une enquête préliminaire, couverte par le «secret de l’instruction», cible l’épouse de Sanchez, Begoña Gómez…

 Le dossier est ouvert depuis le 16 avril suite à une plainte de l’association «Manos limpias» (Mains propres), a précisé hier le Tribunal supérieur de justice de Madrid. Il se dit que ce collectif, qui a déclenché une kyrielle de procédures judiciaires ces dernières années, est un relai de l’extrême droite.

Le chef du gouvernement argue que la plainte n’est étayée par aucun élément probant et que c’est juste une campagne de «harcèlement» contre sa femme, orchestrée par des médias «ultraconservateurs» et appuyée, d’après lui, par l’opposition de droite et d’extrême droite. «Je ne suis pas naïf (…), je suis conscient du fait qu’ils portent plainte contre Begoña, non pas parce qu’elle a fait quelque chose d’illégal, car ils savent bien que cela n’est pas vrai, mais parce qu’elle est mon épouse», soutient Sanchez.

Selon le journal en ligne El Confidencial, qui a ébruité l’information, l’enquête fait la lumière, entre autres, sur les relations entre Begoña Gómez et le groupe de tourisme Globalia, qui contrôle la compagnie aérienne Air Europa. Or il se trouve que cette dernière négociait avec le gouvernement pour bénéficier d’aides publiques durant la pandémie de Coronavirus…

Begoña Gomez pilotait à l’époque IE Africa Center, une fondation qui a des liens avec l’école de commerce madrilène IE University, une fonction qu’elle a occupée jusqu’en 2022. Or IE Africa Center avait «signé un accord de parrainage avec Globalia en 2020», écrit El Confidencial, en ajoutant que Begoña Gomez aurait pris part à «une réunion privée avec son PDG Javier Hidalgo à l’époque où Globalia négociait son plan de sauvetage».

Ce travail a permis à Air Europa d’encaisser 475 millions d’euros en novembre 2020, de l’argent pioché dans un fonds de 10 milliards d’euros dédié au soutien des entreprises stratégiques impactées par la crise sanitaire. D’ailleurs la compagnie espagnole a été la première entreprise à profiter de ce fonds. Suffisamment troublant pour que la justice soupçonne un trafic d’influence et de la corruption vu les montants en jeu.

L’opposition boit du petit lait, le PP a demandé au Premier ministre de «se présenter d’urgence pour donner une explication sérieuse sur les scandales qui entourent son parti, son gouvernement et sa compagne», «au lieu de disparaître pendant cinq jours». Sanchez «mise sur la victimisation et la pitié plutôt que sur la responsabilité et la clarté», lâche le parti conservateur.

Les alliés de Sanchez le défendent face aux attaques : «Tout n’est pas possible en politique (…), ni lui (Pedro Sánchez) ni sa famille ne méritent cela, pas plus que l’Espagne», a posté sur X la numéro 3 du gouvernement, Teresa Ribera. La numéro 2, Maria Jesus Montero, est aussi montée au front pour dénoncer les «pratiques trumpistes» du PP, qu’elle a accusé «d’utiliser une fausse accusation d’une organisation d’extrême droite pour diffamer et lancer des calomnies»…

Mais tout ça ne sauvera pas Sanchez, seule l’innocence de sa femme, déclarée par la justice, le tirera de ce mauvais pas.

 

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