Après quelque 5 milliards de dollars annoncés par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (3,4 milliards pour le premier et 1,5 milliard pour le second) l’Éthiopie engrange une autre bonne nouvelle : la restructuration de sa dette. L’opération permettra au pays d’économiser à terme 4,9 milliards de dollars.
L’annonce est tombée ce vendredi 2 août, par la bouche du ministre des Finances, Eyob Tekalign. Cet allègement de la dette extérieure entre dans le cadre du programme de réformes conclu avec le FMI. Addis-Abeba a fait un premier grand pas en libéralisant le taux de change de la monnaie nationale, le Birr, d’autres actes devront être posés…
«La mise en œuvre réussie de ces réformes peut aider le pays à atteindre son plein potentiel afin qu’un plus grand nombre d’Éthiopiens puissent prospérer. Il est important de souligner que l’accent est mis sur la protection des personnes pauvres et vulnérables contre les coûts de l’ajustement économique et sur l’élargissement des possibilités de participation à l’économie», a commenté Maryam Salim, la directrice de la Banque mondiale pour l’Erythrée, l’Éthiopie, le Soudan du Sud et le Soudan.
La restructuration de la dette extérieure a été sollicitée par Addis-Abeba début 2021, en même temps qu’un programme d’appui du FMI. Mais les deux demandes ont végété, en attendant que le gouvernement central et les rebelles du Tigré fassent taire les armes, qui sèment la mort et la désolation depuis novembre 2020. Les choses vont nettement mieux.
En 2023 l’Éthiopie et ses créanciers membres du Club de Paris ont scellé un accord sur le gel du remboursement de la dette bilatérale, toutes les échéances entre le 1er janvier 2023 et le 31 décembre 2024. La deuxième étape sera la restructuration de la dette du deuxième pays le plus peuplé en Afrique. Le Premier ministre Abiy Ahmed a fait savoir que le nouvel exercice table sur une économie de 200 millions de dollars grâce à la restructuration de l’euro-obligation de 1 milliard de dollars.
Cet argent qu’Addis-Abeba ne remboursera pas fera beaucoup de bien aux caisses publiques, sous pression du fait du service de la dette extérieure, 28,38 milliards de dollars en mars 2024 d’après les données du ministère des Finances. Mais cet accord il faudra le mériter, avec des résultats tangibles. Le premier a été la décision historique de laisser le marché déterminer le taux de change. Le but de la manouevre est de résorber le gap entre les taux officiels et ceux du marché noir.
Bon, ça commence mal ; le premier établissement bancaire du pays, la Commercial Bank of Ethiopia, a rapporté que la monnaie nationale s’est dépréciée de 31,5% par rapport au dollar. Des analystes et experts n’hésitent pas à exprimer leurs craintes sur une envolée de l’inflation. Mais ces risques sont aussi le prix à payer pour matérialiser les réformes majeures dont les 128 millions d’Éthiopiens ont besoin. Ces aides massives et la restructuration de la dette sont la preuve que la confiance règne chez les bailleurs.
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