Economie

Etude : La Tunisie gère sa dette extérieure avec un très vieux programme informatique

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Le bureau de la fondation allemande Heinrich Böll vient de publier une étude intitulée « Cartographie de la dette publique extérieure tunisienne » qui évoqué plusieurs détails concernant les ordres de grandeur et la composition de la dette publique tunisienne tout en présentant une cartographie des créanciers et des acteurs clés, à cet effet, et ce, dans le but de mieux comprendre la logique économique derrière les dettes, indique-t-on.

Outre, les données chiffrées et l’analyse qualitative de la dette tunisienne, l’étude a révélé la méthodologie adoptée pour son élaboration en réservant tout un axe à l’accès aux données.

L’étude a souligné que les données relatives à la dette tunisienne sont souvent désuètes, mais l’information est dispersée, n’est pas disponible de manière complète et les différentes sources n’utilisent pas les mêmes typologies.

Les données sont parfois difficiles à croiser d’autant plus que les chiffres trouvées varient selon les sources : le ministère des Finances et la banque centrale ne présentent pas les mêmes taux d’endettement comparés à l’International debt statistics, un agrégateur de données géré par la Banque Mondiale, assure l’étude.

Elle précise que parfois, les données ne sont pas les mêmes dans les différentes versions en arabe, en français ou en anglais des sites officiels tunisiens.

« Pour l’anecdote, la Tunisie gère sa dette extérieure avec un programme informatique développé par le centre informatique du ministère des Finances qui s’appelle le SIADE ou Système Informatique pour l’Administration de la Dette Extérieure. Cet outil évolue dans l’environnement MS-DOS, que seuls les plus âgés connaissent. Environ trente postes sont actifs et ont accès à cette base de données » martèle l’étude.

L’étude de la fondation affirme aussi que dans l’un des rapports du staff du FMI sur la Tunisie datant d’avril 2020, le Fonds y insiste auprès de la banque centrale pour qu’elle se mette aux normes internationales d’information financière IFRS (international financial reporting standards) et ce, sans compter le rapport sur la transparence budgétaire que le FMI a réalisé en novembre 2016 et le conditionnement d’une des tranches du prêt par l’adoption d’une nouvelle loi organique du budget qui régit la manière dont l’État gère les fonds publics. Une loi qui met en place des procédures normalisées de gestion et de transparence.

Rappelons que la Banque mondiale, vient de publier un nouveau rapport Intitulé « Debt Transparency in Developing Economies », qui établit, d’après l’institution financière internationale, que les systèmes actuels de surveillance de la dette dépendent d’un ensemble de bases de données élaborées par différentes organisations en s’appuyant sur des normes et des définitions variables et à la fiabilité plus ou moins avérée. Ces incohérences conduisent à de fortes variations dans les décomptes publiés de la dette des pays à faible revenu — représentant dans certains cas jusqu’à 30 % du PIB.

« Les pays les plus pauvres sortiront de la pandémie de COVID-19 avec le niveau d’endettement le plus lourd de ces dernières décennies mais les opérations de réconciliation et de restructuration de la dette, pourtant indispensables, seront retardées par le manque de transparence », souligne le président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass ajoutant que « Pour rendre la situation moins opaque, il faut disposer d’un cadre juridique solide de la gestion de la dette publique et de systèmes intégrés de comptabilisation et de gestion de l’endettement tout en améliorant les instruments internationaux de suivi de la dette. Les institutions financières internationales, les pays débiteurs, les créanciers et les autres parties prenantes que sont notamment les organismes de notation et la société civile ont tous un rôle central à jouer pour promouvoir la transparence de la dette ».

Le rapport de la Banque Mondiale constate que 40% des pays à faible revenu n’ont publié aucune donnée sur leur endettement souverain depuis plus de deux ans — et que ceux qui publient effectivement des chiffres tendent à les limiter à la dette du gouvernement central.

La Tunisie n’a pas publié un rapport détaillé et complet sur sa dette publique depuis 2012.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek
Tags: FMI