Economie

Etude – Transition énergétique en Tunisie : Privatisation des profits et socialisation des pertes

Etude – Transition énergétique en Tunisie : Privatisation des profits et socialisation des pertes

L’idée d’une transition énergétique juste met l’accent sur les questions de souveraineté sur les biens publics et l’environnement, indique une étude récente de l’Observatoire Tunisien de l’Economie (OTE).

Ainsi, se concentrer sur les intérêts des communautés dans la mise en place d’une transition énergétique implique de s’éloigner du système financier actuel, basé sur le profit, afin de prendre en compte d’autres dimensions.

Le Plan Solaire Tunisien : une consécration de la dépendance énergétique

L’OTE a souligné dans son étude qu’en 2015, la Tunisie a lancé la version actualisée du Plan Solaire Tunisien (PST), un plan opérationnel qui s’inscrit dans la stratégie de transition énergétique du pays.

La politique tunisienne en la matière suit, à cet égard, une tendance où le recours aux partenariats public-privé (PPP) consacre la titrisation des projets publics où les profits sont privatisés et les pertes sont socialisées outre la promotion de tels partenariats comme substitut aux marchés publics et à la dette publique ce qui constitue une démarche erronée par définition.

Le PST nécessite, d’après les estimations, environ 8 milliards d’euros d’investissement sur la période 2015-2030, dont 6,3 milliards pour les équipements et 1,7 milliard pour le développement du réseau électrique. Selon le plan, deux tiers de ce financement proviendront de sources privées, principalement des investissements étrangers, et un tiers de sources publiques.

D’après l’étude de l’observatoire, la majeure partie des besoins de financement identifiés concerne l’importation de connaissances et d’expertise (par le biais de technologies, d’équipements et de brevets), ce qui ne fera que renforcer le schéma actuel de dépendance de la Tunisie. La dette extérieure de la Tunisie augmentera également afin de financer cette technologie importée, soumise à des conditions de monopole et à des droits de propriété intellectuelle.

Dans ce contexte, le PST est conçu de telle sorte qu’il renforce la dynamique de pouvoir par laquelle un pays du Sud doit emprunter davantage afin d’importer la technologie et la production de connaissances du Nord pour assurer la transition vers les énergies renouvelables, martèle-t-on.

Le climat d’incertitude bloque le développement du secteur de l’Energie

La baisse des investissements dans le secteur de l’énergie en Tunisie expose le pays à d’énormes pressions notamment l’augmentation de ses prix dans le monde, tandis que maints obstacles entravent la transition énergétique du pays dans une optique juste, durable et inclusive à un moment où plusieurs pays africains et autres s’orientent vers le développement de la production d’énergies alternatives.

L’entrave à une transition énergétique juste en Tunisie entraînera sûrement une augmentation du coût des importations dans les années à venir, ce qui affectera particulièrement plusieurs secteurs notamment le transport.

La Tunisie fait partie des 33 pays africains sur 195 qui ont signé l’Accord de Paris sur le climat de 2015, qui vise à limiter l’augmentation mondiale de la température à moins de deux degrés Celsius au cours de ce siècle via une transition énergétique durable et équitable.

Au cours des dix dernières années, le secteur de l’énergie a été au centre des conflits multiples ce qui rend aujourd’hui impératif pour les autorités tunisiennes de trouver les équilibres financiers remédiant à la hausse des prix de l’énergie tout en envisageant d’urgence tous les plans alternatifs limitant le recours à l’approvisionnement en pétrole et ses dérivés, ce qui nécessite nécessairement d’éloigner le secteur des turbulences et des tensions.

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