Economie

Exclusif – Cession de la TFBank : des investisseurs tunisiens écartés

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La cession de la Tunisian Foreign Bank (TFBank) continue à soulever des questions quant aux circonstances du lancement, fin octobre dernier, de l’appel à manifestation d’intérêt pour choisir un actionnaire de référence pouvant restructurer le capital de la banque afin de garantir son respect des ratios règlementaires de prudence et de solvabilité demandé par les autorités françaises.

En exclusivité, « Tunisie Numérique » vient d’apprendre, de source bien informée que le dernier appel à manifestation d’intérêt relatif à la cession de la participation publique à la TFBank a été conçu de façon à ne permettre qu’aux banques de soumettre des plans de rachat excluant d’office, pour des raisons inconnues, les investisseurs tunisiens indépendamment de l’importance de leurs assises capitalistiques.

Démarche de cession intrigante

Cette démarche est intrigante vu que l’Etat Tunisien a retenu dans un premier temps en juillet dernier la soumission d’Invema Group pour racheter la TFBank, un fonds britannique d’investissement inconnu sur les places financières européennes.

L’opération a été annulée par la suite et ce, parait-il sous la pression des autorités françaises ne voulant pas l’entrée des Britanniques dans le secteur bancaire du pays, d’une part, et pour la non-qualification dudit groupe à opérer dans le domaine financier, d’autre part.

L’acceptation du rachat de la TFBank par Invema Group a soulevé une vague de contestations et des points d’interrogations surtout à cause de l’enveloppe dérisoire proposée dans le cadre la cession, et qui est de 30 millions d’euros avec un engagement d’injection de 125 millions d’euros dans le capital de la banque pour qu’elle puisse assainir ses finances et se conformer aux ratios réglementaires.

La démarche des autorités tunisiens montre d’ailleurs, compte tenu de la précipitation pour la cession et le manque de savoir faire pour préparer le dossier de l’opération que celle-ci finira par un bradage, bien que la TFBank représente un établissement d’importance capitale pour l’ouverture de l’économie nationale en Europe.

Et pour cause, le délai très court ne dépassant pas quelques jours alloués à la BIAT et l’UBCI comme candidats retenus pour poursuivre le processus du rachat, pour présenter les plans stratégiques y afférents, révèle un manque de pertinence flagrant au niveau du pilotage de l’opération par les autorités tunisiennes ce qui a poussé les deux banques à désister.

Priorité aux investisseurs tunisiens

Malgré l’existence d’une panoplie de lois supposées dynamiser l’investissement et le partenariat public-privé (PPP) telles que la loi 2015-49 sur le PPP, la loi 2016-71 sur l’investissement et la loi 2017-389 sur les incitations financières au profit des investisseurs, les autorités insistent, semble-t-il, à exclure les investisseurs tunisiens du champ d’application de ces lois au niveau du rachat de la TFBank.

Il est à noter, sous cet angle, que la banque est parfaitement récupérable par un investisseur stratégique local qui pourrait planifier son redressement dans un intervalle de temps court soit par une injection de fonds adéquate ou à travers un partenariat avec les actionnaires de référence actuels qui sont la STB qui détient 49% du capital et la BH Bank avec une part de 34% de celui-ci.

Rappelons que les commissaires aux comptes la TFBank évoquent dans leur dernier rapport 2021 une amélioration prometteuse de la situation de la banque vu « l’infléchissement du coût du risque, positif alors qu’il était historiquement négatif, grâce à une reprise de provisions sur une ancienne créance douteuse de valeur significative, ainsi qu’à une meilleure maîtrise des risques sur le dossier plus récents ».

Ils soulignent que même si le Produit Net Bancaire est en baisse, du fait qu’il est affecté par les aléas du portefeuille obligataire qui a engendré 1,9 M€ de charges et en dépit de l’enregistrement d’un résultat net négatif mais celui-ci est nettement inférieur à ses niveaux historiques. La TFBank a enregistré un déficit de 12,8 M€ en 2015.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek