Economie

Exclusif – Chute historique des titres de dette extérieure à la Bourse de Francfort de 5,21%

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Théoriquement, les obligations souveraines qui sont des titres de dette extérieure, sont considérées comme des placements sûrs. En effet, la probabilité de défaut (de non-paiement) d’un État dont les finances sont stables est quasiment nulle. Néanmoins, certains états présentent des profils plus risqués que d’autres. C’est le cas des obligations émises par certains pays émergents ou d’autres dont les difficultés économiques et financières dégradent la qualité de signature de leur dette.

La Tunisie fait désormais partie des états dont la qualité de ses titres souverains de créance est de moins en moins rassurante notamment à court terme. Ceci engendre la hausse des primes de risque qui sont rattachés aux bons de l’Etat tunisien émis sur les marchés financiers internationaux et l’accroissement en conséquence des taux d’intérêt sur ces bons et le coût de dette publique du pays.

La dernières notations par la maison de rating Fitch Ratings et les évaluations pessimistes des différents rapports des instances financières internationales de la situation économique dégradée en particulier celle de la banque américaine Morgan Stanley (MS), face au mutisme total du gouvernement et en l’occurrence du ministère des finances qui n’a publié depuis des mois aucune information économique et financière, explique largement la chute de la qualité des actifs de l’Etat Tunisien et le renchérissement par les investissements étrangers sur la dette souveraine du pays.

Par ailleurs, il est à noter qu’étant agent monétaire exclusif de la république tunisienne et sans aucun engagement de sa part, la Banque Centrale de Tunisie (BCT) émet périodiquement en tant qu’instrument d’endettement extérieur en devises extérieures et pour le compte de l’Etat Tunisien différents lots d’obligations.

On s’intéresse en ce moment, en particulier, aux obligations BCT 6,375% 19/26 qui ont chuté aujourd’hui lundi 28 mars 2022 spectaculairement et à des niveaux historiquement bas sur la Bourse de Francfort (Börse Frankfurt).

Au fait, les obligations ont, basculé à 56.89 dollars US (USD) pour qu’elles soient cotées pour la première fois à moins de 60 USD soit au cours de 56.89 USD contre 87.82 USD le 28 mars 2021. En une seule séance de cotation, on enregistre une perte de 5,21%.

Il est à noter, que les obligations souveraines tunisiennes n’ont cessé de régresser depuis des mois en raison essentiellement de l’instabilité économique, institutionnelle et politique au pays et l’impossibilité de mobiliser des ressources extérieures vitales pour les finances publiques détériorées et ce, spécialement auprès du FMI.

La cotation des obligations souveraines a connu, par ailleurs, une légère amélioration après l’annonce de la formation du gouvernement de Najla Bouden début octobre dernier. Toutefois et au cours du même mois, le cours des obligations venant à terme en 2025 a baissé à 78.12 USD perdant ainsi 7.88 USD pour se situer à leur plus bas niveau depuis le mois de mars 2020. Ces chiffres représentent les plus mauvais indicateurs enregistrés cette année.

Sous ce même angle, MS a indiqué dans son dernier rapport d’évaluation du profil stratégique – crédit souverain de la Tunisie que « Tunisie Numérique » a publié la semaine denier en exclusivité qu’afin de stabiliser la dette, il est possible que le FMI insiste sur un recours au Club de Paris avec des implications pour les créanciers du secteur privé sachant qu’une grande partie de la dette revient à l’Etat et que la part de la dette des créanciers privés représentant 20%.

MS prévoit un rendement de sortie de 13% pour un bon de dette souveraine de la Tunisie sur le marché obligataire international compte tenu des hypothèses générales associées à une décote de 20%.

Pour l’obligation d’Etat 5,75%-2025, cela implique une valeur de récupération/recouvrement de 66 USD c’est-à-dire en baisse de 3,5% par rapport au prix courant sur le marché. MS prévoit un rendement de 55% à ce scénario. Elle prévoit également des probabilités de rendement de 15% et 30% à ses scénarios baissier et haussier, respectivement, ce qui implique que la valeur de récupération/ recouvrement pondérée par la probabilité de profitabilité est de 69 USD, correspondant ainsi aux prix actuels du marché. Cela tient au fait que le marché anticipe déjà une certaine restructuration de la dette à moyen terme.

MS insiste sur son adoption d’une position neutre sur la situation de la dette tunisienne en raison de la détérioration du contexte budgétaire, bien qu’elle prévoie un éventuel programme du FMI en 2023, les fondamentaux se détérioreront probablement davantage d’ici l’année prochaine avec un possible défaut de paiement.

Rappelons que le cours d’une obligation, est corrélé au taux de rendement actuariel qui est le taux qui permet d’égaliser la valeur actuelle de l’obligation avec la somme des flux futurs perçus, c’est-à-dire les coupons et le prix de remboursement à l’échéance du titre. Autrement dit, il s’agit d’une équivalence de ce que percevrait un investisseur qui détiendrait l’obligation jusqu’à son terme. Couramment, on évoque le rendement de l’obligation. Ceci permet de comparer la rentabilité d’obligations présentant des prix et des coupons différents.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek
Tags: FMI