Economie

Exclusif : Farid Belhaj dit ce que Najla Bouden ne dira jamais (Vidéo)

Farid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour la région MENA, c’est l’homme par qui les bonnes nouvelles arrivent. Pas plus tard que le 9 février il a débarqué à Tunis avec un pactole de 120 millions de dollars, pour financer les PME. Après il est allé voir la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, au palais de la Kasbah, et là-bas aussi il a dit des choses qui ont beaucoup plu. Mais Belhaj sait aussi serrer les boulons et remonter les bretelles. Après tout c’est son métier me direz-vous…

Même si les communiqués officiels sont souvent sibyllins, soporifiques et politiquement corrects, les choses sont quand même dites. Libre aux autorités de continuer à faire la politique de l’autruche. Par ailleurs les responsables des institutions internationales se lâchent un peu plus quand ils sont dans des cercles d’initiés. Ce fut le cas jeudi dernier lors des Journées annuelles du Club des dirigeants de banques et établissements de crédit d’Afrique.

Le vice-président de la Banque mondiale, qui était un des invités vedettes de cette manifestation, a illustré son propos par le Maroc, un des bons élèves du continent pour la croissance mais qui aurait pu aller nettement au-delà de ses quelque 2% si certaines réformes allaient jusqu’au bout. Le royaume il le connait bien pour y avoir servi de 2002 et 2007, en tant que responsable des opérations de la Banque mondiale. Alors si même le Maroc a des pannes que dire de la Tunisie, portée à bout de bras par ses bailleurs et partenaires depuis la dite Révolution ?

Mais comme Belhaj n’a pas parlé explicitement de la Tunisie et de ce qu’elle doit faire pour guérir de ses nombreux maux nous sommes allés lui poser la question et il a répondu sans détours. “C’est pas une question de se mettre dans l’axe du Maroc, la question c’est qu’il y a une série de réformes qui doivent être entreprises, ça fait… Elles sont pas nouvelles, a dit le responsable de la Banque mondiale. D’abord “la question encore une fois du rôle de l’Etat dans l’économie, donc en fait la question des entreprises publiques”, a-t-il ajouté…

Il ne s’avancera pas plus. Donc on ne saura pas s’il pensait à la restructuration, à la privatisation ou les deux à la fois – ce qui est plus probable. Mais même les autorités tunisiennes avancent masquées sur cet épineux sujet et tout au plus parlent de restructuration. Alors comment voulez-vous que Farid Belhaj mette les pieds dans le plat alors que ceux dont c’est le boulot l’enjambent soigneusement ?

“La deuxième partie c’est la question de la masse salariale qui est extrêmement lourde en Tunisie et qui a donc un impact sur le budget de l’Etat (…). Et en troisième plan il y a la question de la compensation qui pose aussi un problème, notamment en termes de contraintes sur le budget de l’Etat“, a dit le vice-président de la Banque mondiale sur Tunisie Numérique.

“Ce sont les trois grandes questions qui sont là, qui sont importantes et qu’il faut que l’Etat tunisien prenne à bras-le-corps. Voilà. Donc y a pas une question de se mettre sur le niveau du Maroc, ce ne sont pas des comparaisons à faire. C’est simplement un pays aujourd’hui où il y a ce type de contraintes qu’il faut gérer. C’est pas énorme, mais il faut le faire...”, a conclu Farid Belhaj…

Bon, c’est pas “énorme” il faut voir. Rappelons que ces sont les mêmes exigences qu’a formulées le FMI et le moins qu’on puisse dire est que pour l’instant c’est l’impasse, puisque l’examen du dossier de la Tunisie qui était censé se faire le 19 décembre dernier a été renvoyé aux calendes grecques. Entre temps il y a eu la dégradation de la note souveraine du pays, une affaire que l’exécutif gère comme il peut, c’est-à-dire mal.

A côté de ça il y a toutes ces lignes rouges fixées par l’UGTT et toute cette agitation sociale qui n’augure rien de bon. Bref, la Tunisie en est là, au même point depuis une bonne décennie : Au point mort. Et on n’en voit pas le bout…

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