Economie

Exclusif : Morgan Stanley prévoit d’éventuels troubles sociaux à cause de l’inflation (2/2)

Exclusif : Morgan Stanley prévoit d’éventuels troubles sociaux à cause de l’inflation (2/2)

La Tunisie se dirige vers un défaut de paiement si la détérioration actuelle de ses finances se poursuit, a averti en début de semaine la banque américaine d’investissement Morgan Stanley (MS) qui a déclaré que dans un scénario où le rythme actuel de détérioration budgétaire se poursuit, il est probable que la Tunisie fasse défaut sur sa dette.

Au détail, MS a élaboré un rapport d’évaluation du profil stratégique – crédit souverain de la Tunisie que nous continuons à publier, en exclusivité, son dernier axe après la présentation des deux premiers axes d’analyse de MS à savoir : la criticité du financement du FMI pour la Tunisie et l’importance du risque social au pays à cause de la montée galopante de l’inflation.

MS met en avant dans son troisième axe d’analyse la valeur de récupération/recouvrement attendue pour une obligation de dette extérieure sur le marché financier international au cas où la Tunisie fera défaut de paiement, une hypothèse non exclue par l’institution.

L’institution souligne : « dans un scénario où le rythme actuel de détérioration budgétaire se poursuit, il est probable que la Tunisie ferait défaut sur le paiement de sa dette. Quelle serait la valeur de récupération ? ».

On note que comme indiqué, l’hypothèse de base de MS est l’absence de programme du FMI en 2022 avec une forte probabilité de défaut en 2023 si des réformes importantes ne sont pas entreprises, à court terme.

Afin de stabiliser la dette, il est possible que le FMI insiste sur un recours au Club de Paris avec des implications pour les créanciers du secteur privé sachant qu’une grande partie de la dette revient à l’Etat et que la part de la dette des créanciers privés représentant 20%.

Selon MS, même si les autorités signent un programme du FMI en 2022 qui permettrait de démarrer les réformes plutôt que prévu, il est encore probable dans un tel scénario qu’une restructuration partielle de la dette sera nécessaire étant donné le ratio élevé dette/PIB.

MS prévoit un rendement de sortie de 13% pour un bon de dette souveraine de la Tunisie sur le marché obligataire international compte tenu des hypothèses générales associées à une décote de 20%.

Pour l’obligation d’Etat 5,75%-2025, cela implique une valeur de récupération/recouvrement de 66 USD c’est-à-dire en baisse de 3,5% par rapport au prix actuel sur le marché. MS prévoit un rendement de 55% à ce scénario. Elle prévoit également des probabilités de rendement de 15% et 30% à ses scénarios baissier et haussier, respectivement, ce qui implique que la valeur de récupération/ recouvrement pondérée par la probabilité de profitabilité est de 69 USD, correspondant ainsi aux prix actuels du marché. Cela tient au fait que le marché anticipe déjà une certaine restructuration de la dette à moyen terme.

MS insiste sur son adoption d’une position neutre sur la situation de la dette tunisienne en raison de la détérioration du contexte budgétaire, bien qu’elle prévoie un éventuel programme du FMI en 2023, les fondamentaux se détérioreront probablement davantage d’ici l’année prochaine avec un possible défaut de paiement en vue, précise-t-on.

MS conclut en rappelant qu’en valeur relative, l’image macro des spreads (marges de taux) sur les titres africains de dette est largement dépendante de la relation avec le FMI. A titre d’exemple, la Tunisie et le Ghana se classent à égalité dans les perspectives du FMI, mais le Ghana semble avoir plus de marge budgétaire en 2022 que la Tunisie. Quant à la Zambie, elle a déjà signé un accord et attend la formation d’un comité des créanciers avant que l’accord ne soit ratifié par le Conseil. MS pense que cela est très probable en 2022.

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