Economie

Exclusif – S & P : Les banques tunisiennes sont exposées aux répercussions du conflit russo-ukrainien

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Selon une note publié hier lundi par l’agence de notation « Standard & Poor’s Global Ratings », les banques de la zone MENA sont légèrement exposées aux répercussions du conflit entre la Russie et l’Ukraine du fait de leurs faible volume transactionnel avec les parties financiers à ces deux pays. L’agence indique que les banques turques et tunisiennes sont exposées particulièrement aux conséquences négatives du conflit.

On précise en ce qui concerne la Tunisie que le pays est confronté à plusieurs défis majeurs à savoir : les pourparlers avec le FMI qui durent depuis une année, le fardeau des subventions des carburants et des produits alimentaires dans un marché mondial exigu, la lente reprise post-covid et les turbulences politiques, le risque souverain élevé lié à la dette publique qui pourrait impacté la situation des banques et la montée de l’inflation couplée à l’incertitude de l’efficacité des politiques économiques.

La note de S&P estime, par ailleurs, que les engagements des entreprises publiques auprès des banques sont élevés et avoisinent 16,5% du total des actifs bancaires. Elle prévoit que le taux des créances accrochées ou douteuses du secteur bancaire tunisien atteindra 13% en 2022.

Les pertes sur les crédits seront, selon les prévisions de l’agence, sur les 12-24 mois prochains de 150 points de base alors qu’elles étaient de 140 points de base en 2020 et ce, parallèlement à une baisse attendue des produits d’exploitation bancaire, d’une montée des couts des risques (provisions sur les créances) ce qui affectera la capitalisation des banques dans le sens de l’adéquation de ses fonds propres aux risques encourus.

Il a été rappelé que les banques comptent largement sur les injections de fonds de la banque centrale face à des niveaux limités des dépôts de la clientèle.

Notons que S & P a annoncé le 11 mai dernier qu’un défaut de paiement souverain en Tunisie – bien que très improbable dans les 12 prochains mois – pourrait coûter aux banques du pays jusqu’à 7,9 milliards de dollars (23,2 milliards de dinars).

L’agence de notation a affirmé que la Tunisie, qui a vu le fardeau de sa dette augmenter et son économie se contracter de 8,8% en 2020 en termes réels, a entamé des discussions avec le Fonds monétaire international pour obtenir un ensemble d’aides financières. 

Il a été précisé, en outre, que l’exposition des banques tunisiennes à leur risque souverain a plus que doublé au cours de la dernière décennie, parallèlement à une forte augmentation de l’endettement du gouvernement.

L’agence souligne que le coût du défaut de paiement pour les banques, soit 7,9 milliards de dollars, équivaudrait à 102 % du total des fonds propres du système bancaire, ou à 17,3 % du PIB nominal prévu pour 2021.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek
Tags: FMI