Depuis quelques années, les relations entre la France et l’Afrique sont en mutation. Face à une baisse de popularité en Afrique subsaharienne, la France semble, selon certains observateurs, adopter une nouvelle stratégie : s’appuyer sur des startups tunisiennes pour regagner des parts de marché. Est-ce une preuve de soft power économique ou une stratégie plus subtile visant à contourner les tensions ?
Focus sur ce phénomène qui suscite l’intérêt des analystes et des entrepreneurs.
Les Startups Tunisiennes : Un levier méditerranéen stratégiquement placé
Une présence croissante à Marseille
Marseille, porte méditerranéenne de la France, accueille un nombre significatif de startups tunisiennes. Par exemple, l’Accélérateur M, une structure clé dans l’accompagnement de jeunes entreprises, a soutenu des projets tunisiens représentant 90 % de ses initiatives internationales. À ce jour, plusieurs cohortes ont inclus des startups tunisiennes, témoignant du rôle central de la Tunisie dans cette collaboration.
La Tunisie, un acteur clé pour l’Afrique
Grâce à sa proximité géographique, culturelle et linguistique avec l’Afrique, la Tunisie est un partenaire de choix. Les entrepreneurs tunisiens comprennent mieux les besoins locaux et offrent des solutions adaptées à des coûts compétitifs. Une aubaine pour des institutions françaises cherchant à maintenir une influence économique sur le continent.
Soft power ou couverture ?
La France en quête d’une nouvelle image
Avec l’érosion de son influence dans plusieurs pays africains, la France doit repenser sa stratégie. L’accompagnement de startups tunisiennes pourrait être vu comme une manière subtile de maintenir sa présence, tout en évitant d’être perçue comme envahissante. Ce rôle de “facilitateur” lui permettrait de rester un acteur économique majeur sans susciter de rejet.
Le rôle ambigu des accélérateurs français
Des programmes tels que La French Tech ou des structures comme l’Accélérateur M offrent un soutien financier et logistique aux startups tunisiennes. Avec plus de 100 projets soutenus depuis 2019, cette structure marseillaise est devenue un carrefour stratégique pour des collaborations transnationales. Le programme Soft Landing Africa Connect traduit clairement une vision centrée vers l’Afrique. L’inclusion constante de startups tunisiennes dans ses cohortes montre une volonté claire de relier les écosystèmes européens et africains.
Les bénéfices et risques pour les startups tunisiennes
Opportunités
Les startups bénéficient d’un accès facilité à des financements, à un écosystème entrepreneurial mature et à des débouchés internationaux. La collaboration avec des institutions françaises leur ouvre des portes en Afrique et en Europe.
Risques
Cependant, ces partenariats comportent des risques. Une association trop marquée avec les intérêts français pourrait nuire à leur image en Afrique. La perception de ces startups comme des “relais” de l’influence française pourrait limiter leur acceptabilité sur le terrain.
Une stratégie durable ou risquée ?
Pour la France, utiliser des startups tunisiennes comme levier pour revenir sur la scène africaine pourrait être une solution temporaire, mais pas sans conséquences. Si cette stratégie n’est pas accompagnée d’une réelle autonomie pour les acteurs tunisiens, elle pourrait être perçue comme une forme déguisée de néocolonialisme économique.
Conclusion
Le phénomène des startups tunisiennes soutenues par des structures françaises pour attaquer le marché africain est complexe. Il illustre un soft power économique en action, mais soulève également des questions éthiques et stratégiques. L’avenir dira si cette collaboration profite réellement aux startups tunisiennes ou si elle sert avant tout les intérêts français dans un continent en pleine mutation.
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