Il semble que l’état de déliquescence des institutions clés du pays en l’occurrence celles assurant le service public de base est très avancé. Chaque jour porte son lot de mauvaises informations concernant la chute d’entreprises publiques opérant dans des secteurs vitaux mais aussi de la dégradation de la situation de milliers de sociétés notamment des petites et moyennes entreprises.
Dans les sillages de cette débâcle, aujourd’hui mercredi 22 juillet 2020, les agents de la Société de transport de Tunis (Transtu) ont observé un sit-in de deux heures, de 4h jusqu’à 6h du matin non pas pour réclamer des augmentations salariales ou des primes mais pour lancer une alerte quant à l’absence de matériel de travail et des pièces de rechange dans les entrepôts de la société et l’état déplorable de la flotte des bus.
Le secrétaire général de l’Union régionale du travail de Tunis, Farouk Ayari a déclaré qu’un préavis a été présenté, à ce titre, à la direction de la société le 8 juillet courant et que les sit-in se poursuivront quotidiennement jusqu’à parvenir à un arrangement pour remédier aux problèmes techniques afin d’assurer, selon ses dires, la sécurité des passagers et le minimum requis pour que les agents travaillent dans des conditions conformes aux dispositions du code du travail tunisien.
Cette situation n’est pas nouvelle. En effet et à longueur de journée, on observe des bus qui ressemblent beaucoup plus à des épaves sillonnant les artères et les rues du Grand Tunis, bondés, sales mais surtout dangereux.
Le transport public particulièrement dans la capitale a été durant des années un point fort de la Tunisie. Malheureusement, son état ne cesse de se détériorer ces dernières années. Ceci frappe de plein fouet toute l’activité économique et le développement social à différents niveaux.
Pour mémoire et selon les données du dernier rapport du ministère des finances sur les entreprises publiques, la Transtu est une entreprise presqu’étouffée financièrement, son capital est carrément négatif à fin 2018 (-759 millions de dinars) et ses dettes sont de l’ordre de 1219 millions de dinars dont 624 millions de dinars de dettes bancaires. La société est déficitaire à hauteur de 187 millions de dinars compte tenu d’une subvention de l’Etat qui ne dépasse pas 130 millions de dinars, pour toute l’année.
Globalement, la mobilité urbaine dans le Grand Tunis menace d’effondrement. Si l’Etat ne régule pas le secteur, ça sera l’anarchie avec le rush des solutions artisanales. Toutefois et avec l’impuissance financière de l’Etat tunisien, en particulier dans cette situation de chaos politique, il est quasiment impossible de sauver ce secteur en totale perdition.
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