Les experts comptables, conseillers fiscaux et économistes arpentent en ce moment les plateaux de radio pour apporter leurs lumières sur la Loi de finances 2022, sur ce que le gouvernement devrait faire pour amadouer le FMI, ce qu’il ne devrait pas faire, etc. Mohamed Salah Ayari, membre de la Chambre nationale des conseillers fiscaux tunisiens (CNCFT), était ce matin sur une radio privée pour aiguiller le gouvernement de Najla Bouden. En face au même moment, sur une autre radio privée, Fayçal Derbel, expert comptable, député d’Ennahdha et rapporteur de la commission des Finances à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), alertait sur la situation économique du pays…
Derbel a pointé la tournure prise par les taux d’intérêts des obligations souveraines et la soutenabilité de la dette publique. Il a invité le chef de l’Etat, Kais Saied, la cheffe du gouvernement et le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Marouen Abassi, à dévoiler publiquement la gravité de la situation économique. Rappelons que l’économiste et PDG de Cap Bank, Habib Karaouli, s’est exprimé presque dans les mêmes termes hier dimanche…
Pourtant d’après Derbel «la conjoncture actuelle ne traduit pas le potentiel de croissance de la Tunisie (…) Nous avons un potentiel de croissance et sommes loin de l’avoir atteint». Selon lui les tensions politiques combinées à une crise de valeur sans précédent sont la cause de la détérioration de tous les indicateurs macroéconomiques du pays.
Il a ajouté que les décideurs tunisiens doivent s’atteler à convaincre la population sur les possibilités de la Tunisie et s’activer pour raviver la culture du travail. Il a rappelé les mauvaises performances de la Tunisie dans le domaine du climat d’investissement, du fait du déséquilibre entre les droits et devoirs des employés et ceux des partons.
Au sujet du coup de main du Fonds monétaire international (FMI), l’expert comptable a lâché que la Tunisie n’obtiendra rien si les réformes demandées sur la masse salariale, les entreprises publiques et la caisse de compensation ne sont pas lancées. Il a ajouté que le financement exceptionnel de 700 millions de dollars consenti par le FMI en août dernier avait permis à la Tunisie d’éviter une cessation de paiement, cette fois il ne faudra pas y compter sans sacrifices…
Par ailleurs il a affirmé qu’il faudra collecter 23 milliards de dinars pour les dépenses publiques en 2022 et que la Tunisie pourrait très bien se rabattre sur le Club de Paris si son dossier est retoqué par le FMI.
Derbel a déclaré que l’Etat pourrait “dinariser les réserves en devises” pour trouver une partie des fonds nécessaires afin de financer son Budget, mais que cela obligerait le pays à faire tourner la planche à billets.
Enfin il a dit que si les exportations ne montent pas au niveau souhaité, la Tunisie sera obligée de passer par la case Club de Paris…
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