Economie

Finances publiques : Bonne tenue en 2023

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L’impact des défis des finances publiques, bien que significatif, a été plutôt bien géré cette année. Malgré l’importance de l’enveloppe des subventions énergétiques et alimentaires et des transferts sociaux estimée à 7,4 milliards de dinars à fin septembre, les autorités ont en effet réussi à respecter la cible de réduction du déficit budgétaire qui n’a pas dépassé 1,3 milliards de dinars au troisième trimestre, sans ajuster le programme d’investissement public (les dépenses en capital ont augmenté à 3 milliards de dinars sur les neuf premiers mois de l’année).

Pour autant, la dette publique, prévue à 76,7% du PIB fin 2023, est de 3 points inferieure à son niveau de fin 2022. Sa structure est favorable (43% de la dette est détenu par des investisseurs locaux en monnaie locale). Malgré des rendements en hausse et un raccourcissement de la maturité des émissions des bons du Trésor en 2023, les conditions de financement restent favorables dans l’ensemble, ce qui a permis de maintenir les charges d’intérêt à moins de 19% des ressources budgétaires.

Consolidation budgétaire

Par ailleurs, les autorités ont décidé de ne pas solliciter les marchés financiers internationaux en 2023 pour couvrir plusieurs tombées de dette dont la tranche de l’emprunt émis sur les marchés internationaux avec une garantie japonaise (22,4 milliards de yens). Un retour sur les marchés obligataires internationaux est possible en 2024.

Néanmoins, le niveau élevé de la dette appelle à poursuivre l’effort de consolidation budgétaire. La capacité des autorités à y arriver s’est améliorée sensiblement, à ce niveau. La loi de finance 2023 table bien sur un déficit budgétaire de l’ordre de 12,3 milliards de dinars, durant toute l’année 2023, soit l’équivalent de 7,7% du PIB, contre des prévisions dans la loi de finances initiale (LF 2023) d’un déficit de 8,5 milliards de dinars (5,5% du PIB) avant d’être ramené progressivement à 6,3% en 2024.

Maîtrise de l’évolution de la dépense publique

Mais la stratégie des autorités repose à la fois sur une maîtrise de l’évolution de la dépense publique et un effort soutenu d’investissement public autour de 5% du PIB, ce qui pourrait se réaliser à court terme. Le gouvernement compte également sur une hausse à 16% du PIB des charges de subventions et des transferts monétaires en 2024, mais celles-ci dépendront surtout de l’évolution des cours mondiaux de l’énergie et des produits alimentaires de base.

En outre, la bonne tenue des finances publiques en 2023 s’explique en grande partie par une performance très solide des ressources budgétaires (+11%) qui se reproduira aisément en 2024 compte tenu de la reprise économique projetée et de la hausse attendue des recettes de la compagnie phosphate Gafsa, la CPG, après une année 2023 de relative reprise où la Tunisie a exporté une quantité de 187,5 mille tonnes de phosphate commercial vers les marchés internationaux, à fin octobre, soit le double des quantités exportées en 2022.

D’ailleurs, l’hypothèse de croissance (2,1%) relativement optimiste retenue dans le budget 2024 laisse prévoir un léger affermissement par rapport à la cible annoncée sur le plan triennal. Contrairement à 2023, des réallocations de dépenses ne pourraient ainsi pas être évitées l’année prochaine. Ceci n’impacterait pas la dynamique de croissance amorcée.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek