Economie

Forum de Davos : Bouden fera un grand tour et s’en ira comme elle est venue

Forum de Davos : Bouden fera un grand tour et s’en ira comme elle est venue

Les ministres de l’Economie et des Affaires sociales, le secrétaire général de l’UGTT et le président de l’UTICA en Norvège – d’ailleurs on ne sait pas précisément ce qu’ils y font – et la cheffe du gouvernement qui va à la pêche au Forum économique mondial de Davos. Avant cela Najla Bouden est passée par la case présidence de la République – un passage obligé – pour y recevoir des instructions de la bouche même du chef de l’Etat, Kais Saied. Mais il n’est pas certain que le bagage qu’elle a reçu l’aidera dans sa “mission impossible”

La nouvelle doctrine signée Saied

Saied a théorisé devant Bouden sa toute nouvelle approche, en balayant d’un revers de la main les indicateurs macro économiques, tous très mauvais, pour mettre en avant le social et l’impérieuse nécessité de préserver la dignité des personnes, par un salaire décent, une protection sociale digne de ce nom et tout le toutim. En d’autres mots que les créanciers, bailleurs et partenaires de la Tunisie cessent de la harceler, elle a ses problèmes, son timing, son tempo et ça passe avant toute orthodoxie économique et financière.

C’est cette doctrine que devra défendre Bouden en Suisse, devant ceux qui tiennent les cordons de la Bourse mondiale. A-t-elle des chances d’être entendue, comprise, suivie voire même accompagnée dans sa démarche – je parle d’un appui financier palpable ? Rien n’est moins certain. D’abord parce que cette musique le pays du Jasmin en a usé et abusé depuis sa dite Révolution, et la dernière fois que ça a fonctionné c’était en novembre 2016, lors de la méga rencontre “Tunisia 2020″. Inutile de vous dire que si l’aide obtenue avait permis de changer le destin du pays ça se saurait.

Coupable Non, mais responsable Oui…

Vous me direz aussi que le pouvoir en place n’est comptable ou responsable en rien des ratés et dérives des précédents exécutifs, dont acte. Mais il faut ajouter de suite qu’en vertu de la continuité de l’Etat et de la pérennité des actes qu’il pose au nom de la nation, les autorités actuelles ne peuvent pas se défaire de ce qui a été scellé par leurs prédécesseurs. Hélas c’est ainsi. Par ailleurs il y a tous ces mauvais bruits qui émanent de la Tunisie et qui pour le coup sont la responsabilité directe de l’exécutif aux manettes…

Que le président de la République le veuille ou non, qu’il soit responsable de tout ou non, toute cette agitation politique et surtout sociale donne l’impression que le pays n’est pas tenu, qu’il n’est pas en ordre de bataille pour affronter les grands défis du moment, que le pays n’est tout simplement pas prêt pour les efforts de redressement qu’il est contraint de faire. Comment voulez-vous que les investisseurs aient foi en la Tunisie avec cette conjoncture ? Et puisque Saied s’est arrogé tous les pouvoirs le 25 juillet 2021 et dénie à tout le monde le droit de dire son mot sur la trajectoire de la Tunisie, c’est à lui de solutionner tous ces problèmes.

Il sera obligé d’ouvrir le jeu

Tout ce travail c’est beaucoup trop pour un seul homme, quels que soient son volontarisme et sa volonté d’en découdre avec les fossoyeurs et pilleurs de la République, comme d’ailleurs le lui disent ses soutiens de la première heure. Mais voilà, le chef de l’Etat jusqu’ici n’entend rien, ne voit rien. Il faudra pourtant qu’il le fasse. Avec le rapport accablant du Forum économique mondial sur la situation de la Tunisie, Kais Saied n’aura d’autre choix que d’ouvrir large pour s’ouvrir de nouveaux horizons…

Je ne parle pas de pactiser avec une classe politique démonétisée, discréditée et plus impopulaire que jamais, je parle des vraies compétences capables d’indiquer la voie. Bouden va en Suisse avec un préjugé très défavorable, elle aura en face d’elle des interlocuteurs qui auront sous le bras le terrible rapport Forum économique mondial.  Elle ne pourra pas les mystifier, elle ne pourra pas donner le change, ils savent déjà tout. Par contre l’avenir de la Tunisie n’est pas écrit, Kais Saied peut encore changer les choses avec quelques décisions lumineuses pour commencer. Mais il faudra hâter le pas, la fenêtre de tir se réduit à vitesse grand V.

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