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France : Attention même Macron “s’africanise”, il remet en cause la limitation des mandats

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La petite phrase du président français Emmanuel Macron sur la limitation des mandats fait jaser. En Afrique où les dirigeants battent tous les records mondiaux de longévité (c’est d’ailleurs ce qui a valu au président gabonais ses déboires) le débat est entré dans les moeurs. Mais en France, un modèle démocratique devant l’Éternel, la question du troisième mandat – voire plus – étonne et même choque. Pourtant Macron, qui a la réputation de faire tomber les tabous – comme un certain Nicolas Sarkozy -, s’est aventuré sur cette voie…

Le chef de l’Etat français l’a fait hier mercredi 30 août devant les leaders des partis qu’il a reçus à Saint-Denis. Questionné par Jordan Bardella, le président du Rassemblement national, sur les bruits autour du grand retour du septennat Macron ne s’est pas dérobé. “Ça a été une funeste connerie de limiter les mandats présidentiels“, a-t-il asséné devant les responsables politiques, rapporte BFMTV ce jeudi, corroborant les confidences de Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise.

Le verrou sur les deux mandats a été posé par la révision de la Constitution en 2008. Donc théoriquement la chose ne doit plus faire débat, pourtant ça s’agite beaucoup dans le camp présidentiel. Certains disent volontiers que le maintien de Macron au-delà de son second mandat – un rêve un peu fou en l’état – est la seule manière d’éviter à la macronie une lutte fratricide pour décrocher le ticket vers la présidentielle de 2027, notamment le combat entre l’ancien Premier ministre Édouard Philippe et le très ambitieux ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

L’ex-président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand, un des fidèles du chef de l’Etat, n’avait pas hésité en juin dernier à dire dans le Figaro qu’il déplore “la limitation du mandat présidentiel dans le temps“. Face au tollé il avait recule dès le lendemain en déclarant qu’il n’est pas question de réviser “les règles en cours de match“…

Macron n’avait jamais évoqué publiquement ce sujet, trop chaud, surtout avec tous ces prétendants qui rêvent de le remplacer au palais de l’Elysée, même dans son propre camp. Mais hier mercredi il a fendu l’armure. Quel enseignement il faut en tirer. Macron osera-t-il aller plus loin dans cette folie qu’on reproche souvent aux présidents-monarques africains ? Non très probablement…

Ce qui m’importe n’est pas de durer mais de faire“, arguait-il dans le journal La Provence en juin dernier. Quelques semaines après, sous le soleil de la Polynésie française, Macron s’était laissé aller à des confidences sur son choix pour lui succéder à la tête du pays. Il était d’avis qu’Édouard Philippe pouvait très bien “prendre le relais” en 2027, en soulignant la nécessité “qu’il y ait vraiment une suite” à son oeuvre. Et d’ailleurs tous les sondages disent que Philippe bat à plate couture Darmanin et autres pour la prochaine élection…

La messe est-elle dite ? Oui, d’après un proche de Macron qui a pris part à la rencontre ; “il a peut-être fait une plaisanterie” sur la limitation des mandats, mais c’est tout. Mélenchon, qui fait feu de tout bois – même le bois du Gabon – pour incendier le président, ne voit pas les choses de la même façon. Il appelle à un “référendum révocatoire” pour pousser le chef de l’Etat à la démission. Ce “serait un soulagement général“, selon lui…

Sauf que le texte de la Constitution de la 5ème République ne prévoit pas cette disgrâce, en tout cas pas pour ce motif. Reste le sujet des deux mandats. Il n’est pas certain que l’affaire soit définitivement rangée aux oubliettes. Il n’y a pas de raison que la France soit un îlot épargné par les mutations qui travaillent une grande partie de l’humanité.

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