C’est la grande différence entre Jean-Marie Le Pen et sa fille Marine, entre le très sulfureux – trop – Front national (FN) et le Rassemblement national (RN) : La forme. Si Marine Le Pen a rebaptisé le parti d’extrême droite c’est justement pour gommer définitivement tous les débordements de langage du papa – moult fois condamné au pénal – sur les Juifs, les chambres à gaz d’Adolf Hitler, les Algériens, etc. Jean-Marie Le Pen ne guérira jamais, dernièrement on l’a entendu entonner, à 96 ans, une chanson néonazie, avec un groupe de Rock. Cette vie-là, ces scandales-là l’héritière de Le Pen n’en veut plus. On n’est pas chez Eric Zemmour ici ! Le député RN Daniel Grenon a payé cher son dérapage…
“Des Maghrébins sont arrivés au pouvoir. Ces gens-là n’ont pas leur place dans les hauts lieux“, c’est ce qu’il avait clamé à l’entre-deux-tours des élections législatives de 2024. Il s’est certainement dit que son parti passerait l’éponge, comme il l’avait fait avec un élu qui avait jeté à la face d’un autre collègue de la France insoumise, en plein Parlement : “Retourne en Afrique!“. Grenon lui a raté son coup, sa réflexion n’a amusé personne, il a été exclu du RN.
C’était l’une des “brebis galeuses” des dernières législatives, ces députés qui ont torpillé le programme de dédiabolisation soigneusement orchestré par Marine Le Pen. Il y a aussi la candidate qui a eu la mauvaise idée d’arborer la casquette d’un officier nazi. Ou l’ex-député qui avait asséné que l’ancienne ministre de l’Education Najat Vallaud-Belkacem et les binationaux en général n’ont pas leur place dans un gouvernement…
Tous ont été éjectés par le président du parti, Jordan Bardella. La maison ne veut plus de ces sorties de route, en tout cas pas publiquement. Le racisme et la xénophobie décomplexés, oui sans aucun doute, ça reste le fond de commerce du RN, mais ça doit être enrobé, “enjolivé”, plus ou moins politiquement correct – Bardella le fait à merveille – pour ne pas effrayer la masse que convoite le parti. C’est primordial pour franchir la dernière marche vers la Présidence de la République.
Sous la pression, Grenon, désormais député “non-inscrit“, est sorti du bois pour s’expliquer sur son discours raciste, pour “mettre fin aux polémiques“. L’homme, définitivement exclu du groupe RN le 18 octobre 2024, a pondu un communiqué de presse ce 23 octobre. “Mes propos ont été mal interprétés, créant des incompréhensions que je regrette sincèrement“, son “intention n’a jamais été de diviser, mais d’ouvrir un débat franc et transparent sur les enjeux qui concernent directement notre quotidien“, lit-on.
“La démocratie exige que l’on puisse échanger librement, même sur des sujets sensibles“, ajoute-t-il. Nous lui rétorquons que le racisme est un délit puni par la loi et pas une opinion.
Ses ennuis ne sont pas terminés pour autant, il est sous le coup de 3 plaintes, rapporte le journal “l’Yonne Républicaine”. L’élu insiste sur “la présomption d’innocence“, fustigeant ses adversaires qui “s’érigent en juges (..). J’ai confiance en la justice de notre pays et je demeure convaincu qu’elle rendra son verdict en reconnaissant que mes propos ne sont en rien répréhensibles“, dit-il.
En direction de ses électeurs il déclare ceci : “(s)on exclusion ne remet pas en cause (s)a détermination à défendre les intérêts de (sa) circonscription à l’Assemblée nationale“…
Une exclusion de pure forme du reste puisqu’un des amendements de Grenon sur le budget de l’État 2025 a été adopté hier mercredi dans la soirée, avec les votes du RN, chose que le parti d’extrême droite a qualifiée de “victoire“, selon un journaliste de “Libération”.
Ainsi va le RN : Une vaste comédie, une fumisterie et une duperie dont le seul but est de tromper les électeurs. Marine Le Pen s’est donné beaucoup de mal pour toiletter sa posture et convaincre les Français qu’elle est une politicienne lambda, avec l’amour de sa patrie en bandoulière, ni plus ni moins. Elle s’est même rendue au Sénégal en janvier 2023 (et son voyage en Algérie ?) pour apporter la preuve que dans le fond elle n’a rien contre les Africains.
La cheffe de file du RN a raté à deux reprises la finale de la présidentielle (en 2017 et 2022), battue par Emmanuel Macron mais ce n’est pas passé loin. Aux dernières législatives le Front républicain l’a stoppée in extremis dans sa marche triomphale. Encore le fameux “cordon sanitaire”. La 3e présidentielle pourrait être la bonne, Marine Le Pen ne laissera pas Grenon & compagnie atomiser ses chances…, à moins que son procès pour détournement de fonds ne l’arrête définitivement.
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