Le Premier ministre François Bayrou ne plaisante plus, fini les formules feutrées du Professeur agrégé de Lettres classiques pour tenter de séduire ses adversaires politiques, il dégaine une plainte pour diffamation. Les raisons de la colère du Maire de Pau : les bruits autour de l’affaire Bétharram, du nom de Notre-Dame-de-Bétharram, un établissement scolaire catholique près de Lourdes. Il est au coeur d’une enquête du Parquet de Pau suite à une centaine de plaintes pour violences, agressions sexuelles et viols, des faits qui se seraient produits entre les années 1970 et 1990.
La rumeur court, court, surtout dans les rangs de l’opposition. Il se dit – ce sont des témoins qui l’ont dit – que Bayrou, qui a scolarisé ses enfants dans cet établissement, aurait appris dès la fin des années 90 ces présumées agressions sexuelles mais aurait mis le couvert, rapporte Mediapart. L’accusation est revenue à l’Assemblée nationale hier mardi 11 février, le chef du gouvernement a vu rouge et brandit la menace d’une action judiciaire…
«J’affirme que je n’ai jamais été informé de quoi que ce soit de violences, ou de violences a fortiori sexuelles. Jamais et, j’ai deux preuves pour cela. Lorsque la première plainte est déposée, j’ai quitté déjà le ministère de l’Éducation nationale depuis des mois (…) j’ai quitté le ministère en mai 1997. Et puis (…) est-ce que vous croyez que nous aurions scolarisé des enfants dans des établissements dont il aurait été soupçonné ou affirmé qu’il se passe des choses de cet ordre ?», a argué devant les députés.
D’après les mêmes sources, en 1996 des plaintes avaient déjà pointé les violences physiques commises par un surveillant, il avait été condamné par la suite. En 1998, un ancien directeur de l’institution avait été mis en examen et inculpé pour viol. Une professeure de mathématiques, à Bétharram de 1994 à 1996, affirme avoir alors saisi à plusieurs reprises les autorités pour «dénoncer une atmosphère d’agressivité et de tensions anormales» ; elle dit aussi avoir parlé de vive voix au maire de Pau.
En mars dernier Bayrou avait confié au Parisien que «la rumeur, il y a 25 ans, laissait entendre qu’il y avait eu des claques à l’internat», il soutenait n’avoir «jamais entendu parler (…) de risques sexuels». Des «mensonges», assène Mediapart, qui martèle que l’actuel Premier ministre «ne pouvait ignorer les accusations qui pesaient déjà sur l’établissement à la fin des années 1990».
Il est très probable que Bayrou songeait au journal d’investigation en fustigeant «la méthode» employée, c’est-à-dire l’accusation systématique de tout responsable en place. «On s’ingénie à inventer de toutes pièces des scandales dont le rebond sera naturellement recherché», a dit le Premier ministre pour sa défense. A noter que d’autres médias ont aussi traité l’affaire ; par exemple Le Monde et La République des Pyrénées ont écrit que le Premier ministre avait discuté en 1998 avec le juge chargé du dossier de viol.
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