C’est son heure, son heure de gloire s’il mène bien sa barque dans cette conjoncture politique et sociale délétère qui a dévoré 2 Premiers ministres en moins de 11 mois (Gabriel Attal et Michel Barnier). A 73 ans François Bayrou y est, enfin. Il est le Chef de gouvernement que la France attend comme le messie pour solutionner les problèmes politiques, économiques, sociaux, etc. «Il va maintenant se vivre comme un sauveur. C’est son moment christique», glisse un membre du cercle présidentiel. Ses ennemis disent qu’on n’attend pas de lui «ni la modernité, ni l’élan réformateur», mais c’est justement ce dont la France a besoin : Un bon père de famille tranquille (il est papa de 6 enfants et a 21 petits-enfants) pour ramener le calme et la sérénité en pleine tempête.
Le patron du MoDem et haut-commissaire au Plan les a tous vu passer à Matignon : Édouard Philippe, Jean Castex, Élisabeth Borne, Attal et Barnier, c’est à lui d’essayer de tirer la France vers le haut. Ce ne sera pas simple mais celui qui a été 3 fois candidat à la présidentielle a de sacrés atouts dans son sac : il a des amis dans la Macronie et dans les rangs de la droite, il est très respecté à gauche et l’extrême droite a beaucoup de considération pour lui. Et pour cause : il est contre la diabolisation de Marine Le Pen et a osé parrainer sa candidature à la présidentielle de 2022, alors que le Rassemblement national (RN) était ostracisé sur tout l’échiquier politique.
Le président Emmanuel Macron s’est dit que la gauche et l’extrême droite n’oseront pas censurer d’emblée son gouvernement, le reste le notable de province (il est maire de Pau depuis 2014), agriculteur et fermier s’en chargera, en usant de sa bonhomie et de son écoute légendaires. Bayrou est un soutien de la première heure de Macron, en février 2017 il a renoncé à se présenter à la présidentielle pour propulser l’actuel chef de l’Etat. Ça forge de solides liens et ils aideront beaucoup dans les prochains mois.
Macron «n’a pas eu d’autre choix» que de se tourner vers ce roc à la tête bien faite (il est agrégé de lettres classiques) qui a été ministre de l’Education et dont la probité morale est de notoriété publique… Enfin, ça c’était avant qu’il s’emmêle les pieds dans l’affaire des assistants d’eurodéputés. Mais la Justice l’a relaxé en premier jugement en février 2024, reste le procès en appel. Pour le moment cette petite victoire conforte son autorité naturelle et l’autorise à recadrer le président de la République quand il le faudra. Il l’a fait vertement sur la question des retraites et sur d’autres dossiers au point de prendre ses distances avec le palais de l’Elysée.
C’est Macron qui est allé le chercher, même si Bayrou s’est agité quand Barnier a été éjecté par le Parlement. Le chef du gouvernement a fait connaitre sa désapprobation quand Macron et Barnier ont décidé d’écarter du gouvernement le Nouveau Front populaire – la gauche -, pourtant sorti en tête des législatives anticipées de juillet dernier. L’histoire a donné raison au centriste, donc il ne se bornera certainement pas à son camp et à la droite pour composer son équipe. Et ça les socialistes et les écologistes apprécieront beaucoup…
Pour ce qui est de la France insoumise (LFI) ce n’est pas gagné, Jean-Luc Mélenchon étant obsédé par la présidentielle anticipée pour enfin en découdre avec Marine Le Pen. Et pour ça le leader de LFI est prêt à fracasser tout gouvernement, quel que soit son chef.
«J’ai un plan dans la tête. Structuré, architecturé, enraciné», confiait Bayrou quelques heures avant sa nomination à Matignon. «Je suis un requin d’eau profonde», avait-il asséné. «Il est programmé pour prendre une décision par semaine, pas cinquante arbitrages par jour», a dit un de ses proches, en allusion à l’indolence et à la lenteur de l’ancien ministre de l’Education. On verra si ces “défauts” se transformeront en qualités dans ce contexte tourmenté où chaque décision doit être savamment pesée.
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