Taxer davantage les riches pour soulager les pauvres était un slogan à la Arlette Laguiller, qu’on déballait sur les plateaux de télévision et de radio pour se gausser de l’agitation puérile et stérile de l’extrême gauche. C’est terminé, balayé par une crise mondiale post-pandémique à laquelle s’est greffée la guerre en Ukraine. Arlette n’est plus là mais il y a son digne remplaçant, Jean-Luc Mélenchon et sa France insoumise. Et leur tête de Turc en ce moment c’est l’homme le plus riche du monde – il vient de détrôner le fantasque Elon Musk -, Bernard Arnault…
Le propriétaire du surpuissant groupe LVMH, qui ne s’est jamais aussi bien porté que dans cette morosité ambiante, a été la cible de l’intraitable député insoumis François Ruffin. C’est lui qui s’était chargé de porter l‘estocade contre les “petits dîners” du président français avec les patrons des sociétés du CAC 40. Rappelons que Bernard Arnault était convié à ce festin décrié par l’extrême gauche, pendant que la France grogne à cause de la réforme des retraites. Ruffin remet ça…
Il s’en est pris à la frénésie du milliardaire et a milité pour une meilleure distribution des richesses. Le compagnon de Mélenchon a déclaré sur France 5 hier jeudi dans la soirée que le président de LVMH n’a aucune gloire à tirer de la fortune colossale qu’il a amassée. “L’origine de la fortune de Bernard Arnault, c’est un mensonge qu’il fait aux ouvriers de mon coin. Il leur promet qu’il va les garder dans le textile et finalement, il licencie tout le monde et le seul truc qu’il garde, c’est Dior. Et c’est là-dessus qu’il va construire son empire du luxe“, a asséné le député de la Somme.
Il a pointé les dizaines de milliers d’années qu’il faut pour qu’un travailleur payé au Smic atteigne le niveau de l’homme le plus fortuné de la planète. “Imaginez les couturières en train de coudre des costumes Kenzo sur leurs machines depuis la préhistoire dans leurs cavernes jusqu’à Aujourd’hui (…). La disproportion, elle ne pose plus la question du mérite, on ne peut pas dire que Bernard Arnault a 400.000 fois plus de mérite qu’une ouvrière“, argue François Ruffin.
“Et qui a mérité, pendant la crise Covid? Qui a mérité? Qui a fait tourner le pays? Qui continue tous les jours à faire tourner le pays?” embraye le député, saluant l’action en “première ligne” durant la crise sanitaire. “C’est pas les actionnaires, c’est pas Bernard Arnault, c’est pas les dirigeants d’entreprises!“, s’indigne Ruffin.
Par ailleurs il dénonce le fait “qu’aucune récompense” n’ait été donnée à ces salariés. D’après lui le péril s’est même accentué ces trois dernières années. “Il y a une première peine: l’inflation sans indexation des salaires. Et une réforme des retraites où c’est eux qui vont payer deux années de plus“, ajoute-t-il.
Bernard Arnault, qui ne s’exprime presque jamais dans les médias, a dû sortir du bois hier pour apporter la réplique, notamment à l’ONG Oxfam qui milite pour la “disparition” des milliardaires.
«Je constate avec un peu de surprise – encore qu’en France, il ne faut jamais être surpris – que les gens ne connaissent pas bien l’économie, donc on se fait critiquer par des gens qui ne connaissent pas bien le sujet dont ils parlent», a dit le milliardaire lors de la présentation des résultats annuels du groupe. Inutile de vous dire que son bilan atteint des sommets : 79 milliards d’euros de chiffres d’affaires et 14 milliards de bénéfices net…
«Ce groupe magnifique qui a des résultats spectaculaires est aussi un groupe qui a une empreinte économique et sociale pour la France», dit pour sa défense le patron de 73 ans. L’an dernier «en France, nous avons recruté plus 15 000 personnes, ce qui fait du groupe le premier recruteur de l’Hexagone», a précisé le PDG du numéro 1 mondial du luxe.
Par ailleurs il a mis en avant les 40 000 personnes recrutés dans le monde en 2022. «Un emploi créé chez LVMH en génère quatre chez nos fournisseurs, ce qui fait que nous entraînons 160 000 personnes qui travaillent indirectement pour LVMH», a-t-il ajouté. Il a aussi mis en relief les 5 milliards d’euros décaissés pour retaper les ateliers ou en installer d’autres en France. «Plus de 500 boutiques et 100 sites de productions artisanales étaient implantés dans les territoires français», a-t-il indiqué…
«Le groupe paie 5 milliards d’impôts sur les sociétés par an dans le monde, dont près de la moitié en France alors que près de 90% de nos productions sont vendues à l’étranger», a affirmé l’homme d’affaires le plus discret du pays – avec son rival François Pinault. Pour la France, «l’empreinte fiscale totale, c’est-à-dire le cumul impôt sur les sociétés, la TVA et les charges sociales de LVMH, est de plus de 4,5 milliards d’euros par an», a-t-il conclu.
A souligner que ce mois de janvier, LVMH est allé au-delà de la barre des 400 milliards d’euros de capitalisation boursière. C’est un fait sans précédent pour une entreprise européenne. Nul doute que le débat autour de ce groupe est loin d’être terminé. Il continuera dans la rue ce 31 janvier, deuxième jour de manifestation nationale contre la réforme des retraites…
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