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France : Borne coupe les ailes de Darmanin, les étrangers peuvent souffler

France : Borne coupe les ailes de Darmanin, les étrangers peuvent souffler

Comme son mentor et prédécesseur, Nicolas Sarkozy, l’actuel ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, entendait aller vite, très vite – trop vite – pour capitaliser sur le thème de l’immigration, un sujet toujours très vendeur en temps de crise. Et bien Darmanin a été stoppé net dans son élan et devra temporiser. Il a annoncé hier mercredi 3 août dans un entretien avec le Figaro que son projet de loi sur l’immigration sera finalement différé, des discussions seront d’bord menées à la rentrée, avant un «grand débat» à l’Assemblée nationale. Et c’est seulement après que le texte sera soumis aux parlementaires…

La Première ministre, Elisabeth Borne, s’est rappelée qu’elle avait perdu sa majorité au Parlement et qu’il ne fallait pas irriter davantage les troupes de la NUPES (Nouvelle union populaire écologique et sociale) avec ses 131 élus dont elle aura besoin pour faire passer des projets à coloration sociale. Elle a donc demandé à Darmanin de mettre le holà à un emballement forcément suspecté d’aller à la pêche vers la droite et l’extrême droite, d’abord pour s’assurer des alliances au Parlement et ensuite pour se positionner dans la perspective de la succession du président Emmanuel Macron…

Le ministre de l’Intérieur avait annoncé en grande pompe il y a une semaine une loi immigration devant le Parlement à la rentrée. In fine ce sera un «grand débat» sur ce thème explosif à l’Assemblée nationale et au Sénat, «avant qu’un projet de loi finalisé ne soit présenté», a indiqué Darmanin dans cette même interview.

«Nous avons une proposition de texte législatif, mais pour un tel sujet, deux mois de concertation ne sont pas de trop», a-t-il ajouté. Il a avoué qu’il a revu toute sa copie «à la demande» de la Première ministre et que «dès la fin août et en septembre», une «concertation place Beauvau sur la base de nos propositions, avec tous les partis, les partenaires sociaux, les associations et les représentants de la société civile»…

C’est un revirement à 360°. Darmanin n’avait pas prévu tout ce dispositif et entendait mener sa petite affaire tambour battant. Sa patronne voit les choses autrement. D’aucuns voient dans ce recul des bisbilles entre Elisabeth Borne, affiliée à l’ex-maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë et son ministre de l’Intérieur, un pur produit de la droite qui a fait ses armes chez Les Républicains, sous l’aile de Sarkozy…

Une source gouvernementale a démenti toute discorde entre la Première ministre et le puissant ministre de l’Intérieur, il se dit qu’ils ont décidé ensemble de temporiser, parce que trop c’était «trop rapide» pour pouvoir «traiter tous les sujets et concerter convenablement»…

En attendant Darmanin, à la surprise générale, donne des gages aux électeurs français que sa précipitation sur le dossier de l’immigration choque. Il s’est défini ce jeudi 4 août, sur CNews, comme «l’aile gauche» de la majorité présidentielle, ce qui certainement fera tiquer les députés de la NUPES. Mais l’essentiel est ailleurs pour Darmanin : il est urgent de tuer dans l’œuf les bruits sur sa droitisation extrême…

«Pardon pour cette provocation mais je suis l’aile gauche. Je suis un fils de femme de ménage. Je suis élu dans un territoire de gauche depuis toujours, dans les Hauts-de-France dans le Nord. Moi j’ai une certaine fibre sociale économique, je ne suis pas un libéral économique absolu», a lâché le ministre de l’Intérieur pour répliquer au journaliste qui a désigné Éric Dupond-Moretti comme «l’aile gauche de la majorité».

«Je suis de gauche quand je défends les étrangers qui doivent avoir l’asile constitutionnel, mais je pense aussi être de gauche quand je dis que la personne qui se fait voler sa voiture doit être protégée. Je pense que les gens de gauche, comme les gens de droite d’ailleurs et comme tous les Français […] sont du bon sens qui consiste à dire : ’les étrangers sont les bienvenues sur notre sol, s’ils respectent les valeurs de la République», a martelé Darmanin…

Il n’est pas certain que ces déclarations, avec des trémolos dans la voix, convainquent les électeurs de gauche, et encore moins les élus de la NUPES. Les débats de la rentrée sur ce sujet très polémique seront enflammés…

 

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