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France : Ce sondage l’achève après la condamnation, les électeurs ont déjà tourné la page Le Pen

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Se victimiser à outrance, agiter le pays, l’inonder de manifestations et tracts, envahir les plateaux de télévision, ameuter l’opinion publique pour intimider la justice et l’obliger à la célérité afin que le jugement en appel intervienne rapidement et casse l’inéligibilité qui barre la route de la présidentielle de 2027. C’est la stratégie du Rassemblement national (RN) et elle se déploie sur le terrain dès ce week-end, pilotée par le jeune président du RN, Jordan Bardella. Mais il y a une terrible nouvelle pour l’extrême droite : Ce plan a déjà du plomb dans l’aile. A en croire le dernier sondage les Français ne suivent pas Mme Le Pen dans la bataille de la rue…

Les cadres du RN n’ont que ce mot à la bouche depuis que leur championne, la mieux placée pour rafler la prochaine présidentielle de 2027 (d’après les enquêtes), a été sévèrement condamnée par le Tribunal correctionnel de Paris : ils crient au «scandale démocratique». Ils appellent à «une mobilisation populaire et pacifique» pour imposer leurs vues. Mais voilà, les citoyens français ne partagent pas cette indignation. D’après un sondage Odoxa-Backbone pour le Figaro, 65% des Français ne sont «pas choqués» par le verdict contre la cheffe de file du RN…

Pire pour l’extrême droite : 37% des sondés se disent satisfaits de ce jugement. 54% des citoyens sont d’avis que la condamnation de Marine Le Pen est «le signe que notre démocratie fonctionne bien». Le même taux déclare que la présidente des députés RN au Parlement a été traitée par la Justice comme un citoyen lambda, ce qui honore l’institution. Après ça il sera plus difficile pour l’extrême droite de brandir la «tyrannie des juges», de pointer les magistrats qui ont condamné comme des «juges rouges», ce qu’a fait Bardella sur CNews/Europe 1 ce mardi 1er avril.

Mais il y a encore plus embarrassant pour cette ligne de défense : 22% des Français et 25% des sympathisants RN sont d’avis que cette condamnation est «un atout pour le RN car cela lui permettra de tourner la page Le Pen». Mais enterrer le label Le Pen l’état-major du parti ne veut pas en entendre parler, il ne voit que la fille de Jean-Marie Le Pen pour la prochaine présidentielle. Même Bardella, qui se prépare depuis de mois pour la relève, est contraint d’étouffer toute ambition personnelle. «Tant que nous n’aurons pas déclaré forfait, combattu cette injustice et fait appel à toutes les voies de recours, je refuserai de me mettre dans un autre scénario», soutient-il.

Il ne peut pas dire autre chose puisque Mme Le Pen a martelé hier lundi 31 mars sur le plateau du 20h de TF1 qu’elle demeurait «combative» et qu’elle ne se laisserait pas «éliminer» rapidement. Pourtant une enquête Harris Interactive pour RTL indique ce mardi 1er avril que son retrait immédiat ne changerait rien aux intentions de vote en faveur du RN. Si Mme Le Pen est créditée de 34 à 37% au premier tour de la présidentielle dans un sondage Ifop pour le JDD publié le 30 mars, Bardella capterait 36% d’après Harris Interactive…

En d’autres termes l’électorat du RN n’aurait aucune difficulté à transférer le vote Le Pen de 2017 ou de 2022 vers Bardella en 2027. Mme Le pen et son premier cercle sont les seuls à croire qu’ils sont indispensables. C’est feu Jean-Marie Le Pen qui avait monté la boutique – le Front national – et imaginé ce système de détournement de fonds publics. Sa fille l’aurait “affiné, perfectionné” pour engraisser le parti, ce qui lui vaut les foudres de la Justice. Il est peut-être temps que la formation explore une autre façon de faire de la politique et d’engranger des gains électoraux.

 

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