L’affaire du meurtre de Djamel Bendjaballah, un éducateur d’origine algérienne, suscite l’indignation. Percuté à deux reprises puis écrasé par une voiture à Cappelle-la-Grande, dans la banlieue de Dunkerque, le 31 août 2024, il avait déposé plusieurs plaintes contre son agresseur avant d’être tué.
Pourtant, le motif raciste n’a pas été retenu par la justice française, malgré les nombreux éléments accablants.
Un crime prémédité dans un climat de haine
Les faits sont glaçants. Jérôme D., au volant de sa Chrysler, a d’abord renversé Djamel Bendjaballah, avant de faire demi-tour et de l’écraser une seconde fois. Il a ensuite contacté les secours en déclarant : « Je crois que j’ai tué quelqu’un. » Une instruction a été ouverte pour homicide volontaire, mais sans retenir la circonstance aggravante de racisme.
Pourtant, les éléments recueillis par les enquêteurs laissent peu de place au doute. Dans le coffre de la voiture du suspect, ils ont retrouvé une machette, un drapeau français et une pochette estampillée « Brigade française patriote – Se préparer à résister », contenant 17 cartouches de calibre .38. Chez lui, un véritable arsenal : une dizaine d’armes à feu, des grenades et des quantités importantes de munitions, alors même qu’il ne disposait d’aucun permis de port d’armes.
Un harcèlement raciste passé sous silence
Les proches de Djamel Bendjaballah dénoncent un crime à caractère raciste. Sa mère, Zohra, a révélé après le drame que son fils était victime d’un harcèlement raciste depuis plusieurs mois. Jérôme D. l’insultait régulièrement, le traitant de « bougnoule » et de « sarrasin ». Il lui avait même envoyé un cochon en peluche et une saucisse barrée du mot “Halal”.
Face à ces agressions, Djamel avait déposé quatre plaintes pour injure à caractère raciste. Mais le parquet de Dunkerque les a classées sans suite, évoquant la prescription des faits. Un argument qui soulève des interrogations quant à la volonté de la justice de traiter cette affaire avec toute la rigueur nécessaire.
Une indifférence médiatique et judiciaire
Malgré la violence des faits et leur dimension potentiellement raciste, l’affaire est restée largement ignorée par les médias français. C’est le journal L’Humanité qui a révélé les détails du crime et les graves manquements dans le traitement judiciaire.
Pour la famille Bendjaballah, le silence autour de ce meurtre est inacceptable. Zohra, la mère de la victime, a exprimé sa colère et son désespoir face à une justice qui refuse pour l’instant de qualifier ce crime de raciste. Elle compte se battre pour que l’enquête soit réorientée et que la justice prenne en compte les antécédents de haine du meurtrier.
Vers une requalification du crime ?
Avec la médiatisation progressive de l’affaire, la pression monte sur les autorités judiciaires. Les proches de Djamel et plusieurs associations de lutte contre le racisme réclament une requalification de l’instruction pour que la motivation raciste soit reconnue.
Ce drame met en lumière un problème plus large : le manque de reconnaissance des crimes racistes en France. Malgré des preuves accablantes, des années de harcèlement et un meurtre d’une extrême brutalité, la justice française peine encore à nommer les choses.
L’affaire Djamel Bendjaballah pourrait bien devenir un symbole du combat contre l’impunité des crimes à caractère raciste.
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