Le président Emmanuel Macron se contorsionne pour composer un gouvernement avec ceux qu’il avait exclus dans le gouvernement censuré de Michel Barnier : les socialistes, les écologistes et les communistes. Macron avait même au départ refusé de les associer aux consultations pour le choix du nouveau chef du gouvernement, il est finalement revenu à la raison, vaincu par la réalité arithmétique. Pour s’assurer que la nouvelle équipe n’explosera pas en plein vol au Parlement Macron est allé braconner à gauche pour tuer dans l’oeuf tout bloc avec l’extrême droite. Et il semble que ça fonctionne, en tout cas Marine Tondelier (Europe Écologie Les Verts) et Olivier Faure (Parti socialiste) cachent difficilement leur envie de gouverner, même avec les ennemis d’hier, les Macronistes, au risque de divorcer avec la France insoumise (LFI), exclu d’office de la tambouille gouvernementale.
Les vérités d’aujourd’hui ne sont jamais celles de demain
Jean-Luc Mélenchon et ses compagnons de la gauche ont cheminé ensemble au Nouveau Front populaire (NFP) pour sortir en tête des législatives anticipées de juillet dernier, ils ont voté comme un seul homme – avec le Rassemblement national, RN – pour faire tomber le gouvernement Barnier et maintenant chacun taille sa route. Le NFP implosera, sauf rebondissement de dernière minute (c’est toujours possible), parce que certains veulent gouverner (les socialistes, les verts et même les communistes), d’autres – LFI – font le pari de l’opposition en se disant qu’ils ramasseront toute la mise si la gauche se ramasse dans le prochain gouvernement.
Comme quoi en politique, plus que jamais, les vérités d’aujourd’hui ne sont pas celles de demain. Le RN aussi se positionne pour l’après, de toute façon il n’a guère le choix puisque le chef de l’Etat insiste pour le tenir à l’écart. Le camp présidentiel et la droite ne sont pas aussi catégoriques mais c’est l’Elysée qui a la main jusqu’ici, alors… Tout compte fait cet ostracisme ne dessert pas la cheffe de file de l’extrême droite, Marine Le Pen, à en croire le dernier sondage…
Gouvernement ou pas, les regards sont déjà tournés vers la prochaine élection puisque de toute évidence le prochain gouvernement sera tellement hétéroclite qu’il se neutralisera sur beaucoup de grands dossiers. Ce qui compte c’est la prochaine majorité et là le RN aurait une belle carte à jouer, à en croire la dernière enquête réalisée par Ifop-Fiducial pour le compte du “Figaro Magazine” et “Sud Radio, publié ce mercredi. Marine Le Pen distance largement tous les candidats testés pour la présidentielle de 2027.
Même le jeune Bardella les écraserait tous…
Et même en cas d’inéligibilité, si elle est condamnée pour détournement de fonds publics, le jeune président du RN (29 ans), Jordan Bardella, ferait parfaitement le job. Tous les deux sont largement en tête des intentions de vote au premier tour si le scrutin présidentiel avait lieu aujourd’hui. Marine Le Pen capterait 36% des voix face à l’ancien Premier ministre Edouard Philippe (25%) ; ce sera encore mieux avec l’éphémère locataire de Matignon, Gabriel Attal, 38% contre 20%…
Mme Le Pen monte de 2 points par rapport au précédent sondage, en septembre dernier. Et si la députée du Pas-de-Calais et présidente des élus RN ne franchissait pas l’obstacle du procès des assistants parlementaires, Bardella défendrait très bien la boutique avec un score très proche de sa cheffe, 34% des voix contre Philippe (26%).
À noter que le sondage a intégré l’hypothèse de la présence éventuelle d’un candidat de la droite (les Républicains, LR), Laurent Wauquiez ; il est crédité de 6 à 8% des voix. L’enquête a testé également le scénario d’une gauche fragmentée entre 4 candidatures (Mélenchon, un socialiste – Faure ou l’ancien président François Hollande –, Tondelier et Fabien Roussel). Dans toutes les combinaisons le leader de LFI recueille le meilleur score, 12% tout au plus…
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, confirme qu’il n’est définitivement pas l’homme de la situation, à peine 5% des intentions de vote à la prochaine présidentielle, Hollande serait à 7%. Le total des 4 candidats de gauche n’excéderait pas 25%, plombant encore plus le moral de ces nombreux “champions”. Ils ont une forte envie de descendre dans l’arène de la présidentielle, mais est-ce que les Français ont envie d’eux ? Manifestement non.
Autres données très édifiantes : ce sondage a été réalisé en ligne du 6 au 9 décembre 2024, ce qui veut dire en pleines tractations pour composer le futur gouvernement. Cela signifie que toute cette agitation laisse froids les électeurs et ne change en rien la perception qu’ils ont des Macronistes, de la droite et de la gauche. Mais c’est surtout un avertissement pour cette dernière : son ralliement à Macron pour gouverner avec lui ne changerait rien à son destin, ça pourrait même être pire si l’aventure tournait mal. À méditer.
Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!
Commentaires