Quand on vous disait que l’ex-président François Hollande ne rate jamais une occasion de tirer en direction de son successeur, Emmanuel Macron. Comme si l’actuel chef de l’Etat n’avait pas suffisamment à faire avec un front politique et syndical vent debout contre la réforme des retraites, Hollande se rajoute à ses problèmes…
L’ex-mentor de Macron est d’avis que le texte présenté par le gouvernement tombe “au mauvais moment” et qui plus est n’est pas “juste“. Il a ajouté sur France Inter qu’une réforme des retraites digne de ce nom doit “correspond[re] à une situation d’urgence” et en même temps être “juste” pour “être acceptée“. Et d’après lui ces “deux conditions ne sont pas réunies“.
Rappelons que le gouvernement veut repousser l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans ; il est aussi question d’aller plus loin dans la réforme Touraine pour instaurer une durée de cotisation à 43 ans dès 2027, une affaire que Hollande connait bien puisqu’elle a été impulsée durant son mandat.
Hollande admet la “nécessité de corriger” un déficit qui montera à “10, 15, 20 milliards d’ici 5 ou 10 ans“, mais “est-ce que c’est le meilleur moment“, se demande-t-il. Il souligne la conjoncture, nationale et internationale : “une inflation forte, une crise de l’énergie, une possible récession [et] la guerre en Ukraine“. Il argue : “Vous me direz, il n’y a pas de bon moment, mais il y en a des mauvais, celui-là est un mauvais moment“.
Pour que la “réforme soit juste“, il faudrait que “chacune et chacun puisse cotiser la même durée au regard de ce qu’a été son activité (…). Or, ce n’est pas le cas” puisque des “personnes, notamment les plus modestes, vont être obligées de cotiser 44 ans” alors que d’autres “n’auront que 42 ou 43 ans“.
Presque aucun point ne trouve grâce aux yeux de Hollande, même les efforts du gouvernement pour hausser les petites retraites ni les aménagements pour les carrières longues ou les tâches dites pénibles. Il maintient mordicus que “l’effort n’est pas réparti (…). Pourquoi rien n’est fait pour les seniors?“, interroge-t-il…
Pourtant le gouvernement propose un index pour jauger la progression du recrutement des plus âgés dans l’entreprise. Ce texte “va[-t-il] créer de vraies obligations, sanctionner? Non“, assène sèchement Hollande.
Décidément rien ne le ramènera à de meilleurs sentiments. En septembre 2022 il avait flingué publiquement le chef de l’Etat en déclarant que s’il était à l’Elysée il n’irait pas à la Coupe du monde au Qatar, en signe de protestation contres les violations des droits humains. Il a remis ça en octobre, avec une bonne louche sur les bourdes de Macron autour du nucléaire. Avant cela l’ex-président lui avait administré des leçons de géopolitique sur le Maghreb. Sans parler du lâchage de juillet 2022, en pleine tempête autour des “Uber Files”…
Manifestement Hollande ne pardonnera jamais à son ancien ministre des Finances de l’avoir abandonné en rase campagne en 2017 pour monter “En marche!”, la machine qui lui a permis de triompher à la présidentielle alors que son mentor, plombé par son impopularité, n’a même pas eu le droit de défendre ses chances devant les électeurs. L’ancien président continuera de traquer son successeur tout au long de son second et dernier mandat, et peut-être même après.
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