Le président algérien Abdelmadjid Tebboune s’est exprimé dans un entretien accordé au journal français L’Opinion, où il a abordé plusieurs sujets sensibles, notamment les relations avec la France, les États-Unis, le maroc, la Chine, ainsi que des dossiers internationaux comme la Palestine, l’Ukraine et le Sahara occidental.
Ses déclarations marquent un tournant dans la diplomatie algérienne et la gestion des tensions avec Paris.
Une crise persistante avec la France : entre tensions et fermeté
Depuis plusieurs mois, les relations entre Alger et Paris traversent une période de turbulences. Abdelmadjid Tebboune n’a pas mâché ses mots face aux récentes attaques de l’extrême droite française et aux déclarations de certains responsables politiques, dont Éric Ciotti et Jordan Bardella, qui ont qualifié l’Algérie de « régime hostile ». Pour lui, ces attaques sont non seulement injustifiées, mais aussi révélatrices d’une volonté de certains cercles en France de maintenir une posture néocoloniale.
Le président algérien a également critiqué la lenteur de la diplomatie française à répondre aux sollicitations d’Alger, affirmant que « plus rien n’avance si ce n’est les relations commerciales ». Il a cependant assuré que l’Algérie reste prête à renouer le dialogue, à condition que des « déclarations fortes » soient faites par le président Emmanuel Macron.
Un tournant diplomatique : l’Algérie ne dépendra plus du système médical français
L’un des points marquants de cette interview est l’annonce d’un changement radical dans la coopération sanitaire entre les deux pays. Abdelmadjid Tebboune a déclaré que l’Algérie ne transfèrerait plus ses patients vers les hôpitaux français. Cette décision intervient alors que l’extrême droite française, notamment le Rassemblement National, a relancé le débat sur le coût des soins accordés aux patients algériens en France.
Selon Tebboune, la polémique est infondée. Il a révélé que le montant réel des dettes hospitalières de l’Algérie envers la France s’élève à 2,5 millions d’euros et non aux 45 millions annoncés par certains médias français. Il a également affirmé que l’Algérie réglait toujours ses factures et que cette décision visait avant tout à garantir une indépendance sanitaire et une diversification des partenariats médicaux.
Désormais, les patients algériens seront orientés vers d’autres pays comme la Belgique, l’Italie ou encore la Turquie. Cette annonce marque une rupture avec une longue tradition de coopération sanitaire et pourrait avoir un impact économique significatif pour les établissements hospitaliers français.
Palestine et Israël : une position inchangée de l’Algérie
Interrogé sur la situation au Proche-Orient, Abdelmadjid Tebboune a réaffirmé le soutien indéfectible de l’Algérie à la cause palestinienne. Il a souligné que son pays ne reconnaîtra Israël qu’à la condition expresse de la création d’un État palestinien viable. « Le jour où il y aura un État palestinien, nous normaliserons immédiatement nos relations avec Israël », a-t-il affirmé.
Le président a rappelé que l’Algérie a œuvré pour faire reconnaître la Palestine par 143 États membres de l’ONU, et qu’elle continuera à plaider en faveur des droits des Palestiniens sur la scène internationale. Il a également dénoncé les agissements du gouvernement israélien dans la bande de Gaza, critiquant la position des grandes puissances qui « ferment les yeux » sur les violences perpétrées contre les civils.
Sahara occidental : une mise en garde à la France
Sur la question du Sahara occidental, Abdelmadjid Tebboune a adressé une mise en garde à la France concernant une éventuelle reconnaissance de la souveraineté marocaine sur ce territoire. Lors de sa dernière rencontre avec Emmanuel Macron, en marge du G7, il lui aurait dit : « Vous faites une grave erreur ! Vous n’allez rien gagner et vous allez nous perdre. »
L’Algérie maintient sa position en faveur d’une solution conforme aux résolutions de l’ONU, et rejette toute tentative de légitimer l’occupation marocaine. Tebboune a insisté sur le fait que la République sahraouie est reconnue par l’Union africaine et qu’une grande partie de la communauté internationale soutient le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
Le Maroc : un jeu d’échecs diplomatique
Interrogé sur les relations avec le Maroc, Tebboune a adopté une posture mesurée, comparant la situation à « un jeu d’échecs ». Selon lui, chaque mouvement diplomatique de l’Algérie entraîne une réaction de Rabat, et inversement. Il a évoqué les tensions persistantes entre les deux pays, notamment sur le dossier du Sahara occidental et les relations du Maroc avec Israël.
Le président algérien a également dénoncé certaines « manœuvres hostiles » du royaume, notamment à travers des alliances militaires avec des pays extérieurs à la région.
« Nous constatons des actes qui ne vont pas dans le sens d’un bon voisinage, mais nous agissons avec sagesse et patience », a-t-il déclaré, tout en réaffirmant que le peuple marocain restait un « peuple frère ».
Relations avec les États-Unis : une coopération en évolution
Tebboune s’est également exprimé sur les relations entre l’Algérie et les États-Unis, affirmant qu’elles sont restées stables, même durant la présidence de Donald Trump. Il a rappelé que l’Algérie a historiquement entretenu de bonnes relations avec Washington et que de nombreux projets économiques ont été réalisés en partenariat avec des entreprises américaines, notamment dans le secteur des hydrocarbures.
Le président algérien a toutefois exprimé des inquiétudes quant aux récentes déclarations de Donald Trump sur la Palestine et sur la gestion des conflits internationaux. Il a assuré que l’Algérie restera fidèle à sa politique de non-alignement et de non-ingérence, tout en cherchant à préserver ses relations stratégiques avec les grandes puissances.
L’Algérie et la Chine : une alliance solide
Concernant la coopération avec la Chine, Tebboune a souligné que les relations entre les deux pays étaient « historiques et stratégiques ». Il a rappelé que l’Algérie avait joué un rôle clé dans l’intégration de la Chine à l’ONU et que Pékin était le premier pays à reconnaître la guerre de libération algérienne.
Sur le plan économique, il a mis en avant la contribution des entreprises chinoises dans le développement des infrastructures en Algérie, en particulier dans la construction de logements et de grands projets d’infrastructure. Il a également précisé que Pékin restait un partenaire de choix pour les investissements futurs, notamment dans les secteurs des énergies renouvelables et des nouvelles technologies.
Un message à la France : ouverture au dialogue, mais sous conditions
Malgré les tensions actuelles, Abdelmadjid Tebboune a laissé la porte ouverte à un réchauffement des relations avec la France, mais à condition que Paris adopte une attitude plus respectueuse envers l’Algérie. Il a exprimé son étonnement face aux déclarations hostiles de certains responsables français et a dénoncé la montée en puissance des discours anti-algériens en France.
Il a également mis en garde contre toute tentative d’ingérence dans les affaires internes de son pays, rappelant que l’Algérie était désormais un acteur majeur sur la scène africaine et méditerranéenne. En conclusion, il a appelé à un dialogue sincère et constructif entre les deux pays, tout en insistant sur la nécessité de bâtir des relations basées sur le respect mutuel et la coopération équilibrée.
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