La présidente du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, est sur le dos de l’Algérie depuis un moment. En 2017 elle avait déclaré publiquement que la colonisation française avait «beaucoup apporté, notamment à l’Algérie», ce que «même les Algériens de bonne foi admettent». Elle avait étayé son argumentaire par les «hôpitaux», les «routes», et «écoles» légués par le colon français. En novembre 2021 Mme Le Pen avait proposé de supprimer les visas et transferts d’argent si Alger ne reprend pas ses clandestins. Donc le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau n’a rien inventé, il n’a fait que copier.
Les “copies” ont pris trop de place, “l’originale” reprend ses droits
Après ces “saillies” la cheffe de file de l’extrême droite avait un peu rangé ses missiles en direction de l’Algérie, déléguant la besogne au tristement célèbre Eric Zemmour. La charge ne lui a pas porté chance, il s’est complètement loupé à la présidentielle et aux législatives de 2022. Les frappes judiciaires ont suivi, pour injures publiques à cause de l’origine et provocation à la haine raciale. L’acharnement sur les Algériens et les musulmans de France ne paye pas. Entre temps Mme Le Pen a bien avancé dans la dédiabolisation du RN, avec un discours et des postures très policés au point qu’elle a été reçue, avec les honneurs, au Sénégal….
Mais l’Algérie était toujours dans un coin de sa tête. Il ne peut pas y avoir de miracle quand on est la fille d’un homme, Jean-Marie Le Pen, qui a torturé et tué en Algérie, pas de miracle quand on a été biberonné et élevé dans la haine des Algériens. Alors Mme Le Pen a repris ses armes après son triomphe aux législatives de 2022. Ses 89 députés ont entamé la nouvelle législature en faisant l’apologie de “l’Algérie française“. Puis silence radio. Jusqu’à l’émergence de Retailleau.
Il faut croire que la patronne du RN est jalouse du funeste vedettariat du ministre de l’Intérieur. Elle a fait un retour fracassant sur LCI hier mercredi 29 janvier dans la soirée, après les obsèques de son papa. Mme Le Pen tenait à revendiquer la maternité de l’algérophobie en France, flambeau repris chez son défunt père. Elle a déclaré que la colonisation française a fait du bien à l’Algérie et que les infrastructures laissées «auraient dû permettre à l’Algérie de se développer»…
«Je peux comprendre que des peuples souhaitent obtenir l’indépendance. Mais je pense que venir dire globalement que la colonisation a été un drame pour l’Algérie, ce n’est pas vrai (…). Économiquement, en termes d’infrastructures, la France a apporté à l’Algérie un capital qui aurait dû lui permettre de devenir la Norvège du Maghreb. Ils ne l’ont pas fait. Et c’est bien regrettable parce que c’est le peuple algérien qui en est la première victime (…). Ce que je ne comprends pas, c’est que les Algériens ne demandent pas des comptes à leurs dirigeants», a asséné la cheffe du groupe RN à l’Assemblée nationale.
Elle veut faire du Trump : Tout le monde dans l’avion et dehors!
Au sujet des dernières éruptions entre Paris et Alger, suite à l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal et l’expulsion avortée de l’influenceur algérien “Doualemn”, Madame plaide pour l’escalade. Elle demande au gouvernement français de prendre des «mesures de rétorsion […] tout à fait naturelles», «exactement ce qu’a fait Donald Trump avec la Colombie (…). Ce qu’il a fait avec la Colombie, c’est ce que nous réclamons de faire avec l’Algérie, qui refuse de respecter le droit international. […] C’est une question de respect de la France, de notre souveraineté, du droit international», a-t-elle martelé.
Elle est d’avis que les Comores «contestent l’intégrité territoriale» de la France alors que l’Algérie est «en permanence en train de l’insulter (…). Pourquoi fait-on preuve d’une telle faiblesse avec des pays qui nous crachent au visage matin, midi et soir ?»
Un son de cloche qu’on entend de plus en plus en France, dans les mêmes milieux qui serinent les diatribes anti-algériennes depuis la fin de la longue et sanglante guerre de libération. Pendant ce temps celui dont ce sujet relève garde le silence, un silence coupable : le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron. Il a ouvert la boîte de Pandore en fustigeant Alger le 6 janvier 2025 devant tous ses Ambassadeurs, il portera la responsabilité historique de la tournure dramatique des événements.
On dit – ce sont les sondages qui le disent – de Marine Le Pen qu’elle est bien partie pour battre à plate couture tous ses challengers à la prochaine présidentielle (si son procès pour détournement de fonds ne la fait pas exploser en plein vol). Il faut imaginer ce que sera la France et sa place dans le monde entre les mains de cette extrémiste…
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