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France : La fin de l’hypocrisie sur les étrangers, Darmanin obligé d’ouvrir la porte

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Le très remuant ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait dégainé en juillet 2022 son fameux projet de loi sur l’immigration. Face à la bronca, surtout dans les rangs de la gauche parlementaire, la Première ministre, Élisabeth Borne, avait mis le holà sur le texte cher à Darmanin. Cette fois personne ne pourra empêcher son étoile de briller. Et ironie du sort c’est celle qui lui avait coupé les ailes – Borne – qui défendra la copie remaniée du ministre de l’Intérieur…

Il faut dire que ce dernier avait ulcéré la gauche et terrorisé son propre camp avec des saillies sur les cartes de séjour réservées à ceux qui parlent français. Les choses se présentent mieux cette fois avec des inflexions de circonstance pour faire passer la pilule sur un sujet par essence explosif. Il a vanté ce mardi 6 décembre sur Franceinfo un texte pour “mieux intégrer” ceux qui bossent et rentrent dans les cases de la République et “mieux expulser” les autres.

Élisabeth Borne s’y collera vers 17 heures, à travers une allocution sur la politique migratoire de la France ; Darmanin prendra ensuite la parole puis le ministre du Travail, Olivier Dussopt. A noter que ce texte doit être officiellement mis sur la table début 2023. Ce qu’on sait c’est qu’il instaurera un titre de séjour pour les travailleurs illégaux dans les “métiers en tension“, où la main d’oeuvre fait cruellement défaut.

Le ministre de l’Intérieur fait la promotion d’une démarche pour “mieux intégrer ceux qui veulent s’intégrer à la République” car “ils font partie de la richesse de la patrie“. “On ne les intègre pas assez bien“, a asséné le ministre de l’Intérieur, très loin de ses sorties musclées d’antan. Par contre les autorités seront intransigeantes avec “ceux qui ne respectent pas” le “droit” français. “Ils seront intégrés s’ils travaillent et parlent français, expulsés s’ils commettent un acte de délinquance“. On reconnait là la pâte de Darmanin.

Le gouvernement veut avant tout requinquer les secteurs de la restauration, du bâtiment ou de l’agriculture, qui manquent de bras. Il s’agit de faire preuve de pragmatisme au nom des intérêts supérieurs de la nation, même si Marine Le Pen et compagnie vont ruer dans les brancards…

Il s’agit aussi de stopper le fléau du travail “au noir“, avec des migrants illégaux qui payent leur part d’impôt mais ne sont pas couverts par la sécurité sociale. “La question est de savoir si on continue à être hypocrites et inhumains ou si on fait comme si tout cela n’existait pas“, argue Darmanin.

A noter que ces inflexions ont été imposées par l’aile gauche de la macronie, portée par le président de la Commission des lois à l’Assemblée, Sacha Houlié. Par la suite le virage a été assumé par le président de la République, Emmanuel Macron. La France, très officiellement, admet publiquement que sans la main d’oeuvre étrangère des pans entiers de l’économie périclitent. On n’est peut-être pas encore au niveau de la politique d’intégration décomplexée des Etats-Unis et du Canada, mais on y arrive petit à petit…

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Publié par
Souleymane Loum