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France : La lettre aux Français fracasse tout, l’animal politique n’est pas mort…

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Le chef de l’Etat ne s’était pas exprimé publiquement depuis le cataclysme du second tour des législatives, lequel a engendré la pire crise politique de l’histoire de la 5e République. Le président Emmanuel Macron s’est fait discret mais tout le monde savait qu’il téléphonait beaucoup, recevait du beau monde et fourbissait ses armes pour pulser encore, en animal politique qu’il est. Macron a laissé beaucoup de plumes, beaucoup trop, dans la dissolution du Parlement, mais le fait d’avoir maintenu à son poste le Premier ministre démissionnaire, au-delà de l’argumentaire sur “la stabilité du pays“, les Jeux olympiques et tout le toutim, prouve que le président vendra chèrement sa peau. D’ailleurs la gauche l’a bien compris et rue sur les brancards pour que Macron lui ouvre vite la porte de Matignon. Dès le soir du second tour Jean-Luc Mélenchon a harcelé le chef de l’Etat en le sommant de nommer un Premier ministre estampillé Nouveau Front Populaire. Mais encore faut-il que la gauche, qui nous a habitués aux psychodrames, accorde ses violons sur un nom. Après ça il y aura les autres pièges que Macron leur a tendus. Quand on vous disait que l’animal politique rugit encore. La lettre qu’il vient d’adresser aux Français le démontre. La voici dans son intégralité :

“Chères Françaises, chers Français,

Les 30 juin et 7 juillet derniers, vous vous êtes rendus aux urnes en nombre pour choisir vos députés. Je salue cette mobilisation, signe de la vitalité de notre République dont nous pouvons, me semble-t-il, tirer quelques conclusions.

D’abord, il existe dans le pays un besoin d’expression démocratique. Ensuite, si l’extrême-droite est arrivée en tête au premier tour avec près de 11 millions de voix, vous avez clairement refusé qu’elle accède au Gouvernement. Enfin, personne ne l’a emporté. Aucune force politique n’obtient seule une majorité suffisante et les blocs ou coalitions qui ressortent de ces élections sont tous minoritaires. Divisées au premier tour, unies par les désistements réciproques au second, élues grâce aux voix des électeurs de leurs anciens adversaires, seules les forces républicaines représentent une majorité absolue. La nature de ces élections, marquées par une demande claire de changement et de partage du pouvoir, les oblige d’ailleurs à bâtir un large rassemblement.

Président de la République, je suis à la fois protecteur de l’intérêt supérieur de la Nation et garant des institutions et du respect de votre choix.

C’est à ce titre que je demande à l’ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines, l’Etat de droit, le parlementarisme, une orientation européenne et la défense de l’indépendance française, d’engager un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle, pour le pays. Les idées et les programmes avant les postes et les personnalités : ce rassemblement devra se construire autour de quelques grands principes pour le pays, de valeurs républicaines claires et partagées, d’un projet pragmatique et lisible et prendre en compte les préoccupations que vous avez exprimées au moment des élections. Elle devra garantir la plus grande stabilité institutionnelle possible. Elle rassemblera des femmes et des hommes qui, dans la tradition de la Vème République, placent leur pays au-dessus de leur parti, la Nation au-dessus de leur ambition. Ce que les Français ont choisi par les urnes – le front républicain, les forces politiques doivent le concrétiser par leurs actes.

C’est à la lumière de ces principes que je déciderai de la nomination du Premier ministre. Cela suppose de laisser un peu de temps aux forces politiques pour bâtir ces compromis avec sérénité et respect de chacun. D’ici là, le Gouvernement actuel continuera d’exercer ses responsabilités puis sera en charge des affaires courantes comme le veut la tradition républicaine.

Plaçons notre espérance dans la capacité de nos responsables politiques à faire preuve de sens de la concorde et de l’apaisement dans votre intérêt et dans celui du pays. Notre pays doit pouvoir faire vivre, comme le font tant de nos voisins européens, cet esprit de coalition et de dépassement que j’ai toujours appelé de mes vœux.

Votre vote impose à tous d’être à la hauteur du moment. De travailler ensemble.

Dimanche dernier, vous avez appelé à l’invention d’une nouvelle culture politique française. Pour vous, j’y veillerai. En votre nom, j’en serai le garant.

En confiance. Emmanuel Macron”.

 

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