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France : La maire de Montauban a osé là où Bardella a reculé, une tache de plus sur la République…

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Un dérapage de plus, un dérapage de trop, dans une France en ébullition depuis que le président Emmanuel Macron a eu la funeste idée de dissoudre l’Assemblée nationale et convoquer des législatives anticipées. Cette fois le tollé est venu de la mairie de Montauban, pilotée par Brigitte Barèges. La dame n’est pas n’importe qui, elle a été élue députée sur la liste d’Éric Ciotti, le président des Républicains (la droite) déchu par son Bureau politique et qui est passé avec armes et bagages du côté du Rassemblement national (RN, extrême droite)…

Cette France-là ne guérira jamais de ses démons

Mme Barèges a beaucoup fait parler de sa municipalité, en mal. Elle n’a rien trouvé de mieux qu’une photo du Maréchal Pétain pour illustrer une publication sur son bulletin mensuel, laquelle est surtout dédiée à l’annonce de la fête de la Libération dans la ville, le 19 août prochain. L’opposition fulmine et exige des excuses publiques de la part de la maire.

L’édile de la ville ne peut pas ignorer que le Maréchal Pétain n’est absolument pour rien dans la libération de la France, bien au contraire il s’est vautré dans la collaboration après une capitulation très rapide de son armée (“la meilleure du monde“, disait-on en 1939) face à l’Allemagne nazie. Le régime de Vichy a fait plus que composer, plus que collaborer avec les troupes d’Adolf Hitler, les nombreux résistants fusillés et la rafle du Vélodrome d’Hiver (rafle du Vél’d’Hiv) en témoignent…

Alors insinuer que l’homme derrière ce système, le Maréchal Pétain, a un lien quelconque avec la libération c’est à tout le moins une provocation intolérable au regard du poids de l’Histoire. Dans l’édition de juillet-août du journal de la ville une page est réservée au 80e anniversaire de la Libération à Montauban et aux hommages aux résistants qui ont chassé les Allemands de la ville d’Ingres durant la Seconde Guerre mondiale. Mais voilà, ce n’est pas le bon cliché, à la place il y a celle d’une visite du Maréchal Pétain en novembre 1940 à Montauban.

«Rien n’arrête B. Barèges, nouvellement députée… pas même de laisser publier une photo de Pétain dans le journal municipal de Montauban …», peste Catherine Philippe, secrétaire départementale du Parti Communiste (PCF). Même son de cloche chez d’autres élus d’opposition…

Appelé par France Bleu Occitanie le président de la fédération du Parti socialiste (PS) du Tarn-et-Garonne, Arnaud Hilion, a commenté la publication en ces termes hier dimanche 21 juillet : «Énormément de Montalbanaises et de Montalbanais sont tout simplement choqués et ne comprennent pas ce choix. (…) Ce sont des gens qui ont viscéralement au cœur, dans le sang et dans la chair l’héritage de la lutte contre le nazisme», a clamé l’élu de l’opposition.

Le PS s’est insurgé dans un communiqué posté sur X contre une publication qui «renvoie au pire révisionnisme historique porté par l’extrême-droite». Le parti de gauche demande des excuses avant les commémorations. On verra s’il les obtiendra in fine, pour le moment c’est catégoriquement Non. C’est ce que la mairie a rétorqué à un média local, elle ne veut même pas accorder un entretien à la presse pour s’expliquer sur cet étrange débordement, elle s’est bornée à brandir son affiliation au gaullisme.

Bardella a dû écarter les moutons noirs, Ciotti devra s’y coller

Éric Ciotti a fini par tirer les conséquences de ses positions extrêmes en pactisant avec le RN, ce qui lui a permis d’être élu député et de sauver quelques têtes dans ses rangs. Sauf que même l’extrême droite ne peut pas assumer l’horreur suprême. Jordan Bardella et Marine Le Pen ont été contraints de retirer quelques moutons noirs des listes des législatives face à l’indignation générale. La normalisation et la dédiabolisation de l’extrême droite sont à ce prix…

Une casquette nazie ou des publications ouvertement fascistes et racistes ce n’est pas anodin, cette idéologie a fait des dizaines de millions de morts durant la Seconde Guerre mondiale. On ne peut pas prétendre conquérir le pouvoir en ayant ces crimes contre l’Humanité en bandoulière. Ce n’est tout simplement pas possible. Les graves dérives des candidats RN expliquent en partie que le Front républicain ait fait refluer l’extrême droite au second tour des législatives et qu’il l’ait privé de postes clés au Parlement…

Mme Le Pen et Bardella ont fait le boulot en nettoyant dans leur écurie, du moins en apparence. Ciotti devra s’y coller, au moins en apparence, et ça commencera par la maire de Montauban. Le vernis républicain reste un passage obligé, en tout cas jusqu’ici. On verra si ça se délitera d’ici les élections générales de 2027… ou avant.

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