Le déballage public n’aura pas lieu, en tout cas pas ce 16 mars. Pour ceux qui attendaient le documentaire sur l’utilisation d’armes chimiques par la France durant la guerre d’Algérie, c’est raté. La chaîne publique France 5 a décidé de le déprogrammer et de le renvoyer sine die. C’est suffisamment énigmatique pour déclencher supputations et conjectures sur cette page sombre de la colonisation, alors que la France a ratifié en 1929 la Convention de Genève interdisant formellement ce type d’armes…
Qu’est-ce qui est réellement derrière ce report ? Mystère. Ce qu’on sait c’est que la diffusion d’un tel documentaire dans ce contexte délétère entre la France et l’Algérie n’aurait certainement pas arrangé les choses. «En raison de l’actualité, France 5 modifie sa soirée du “Monde en face” le dimanche 16 mars en rediffusant à 21h05, le documentaire “Opération Trump : Les espions russes à la conquête de l’Amérique” et à 23h00 le documentaire “Russie, un peuple qui marche au pas”», s’est borné à annoncer hier mardi 11 mars la direction des programmes de France 5 dans un communiqué.
C’est l’argumentaire officiel : un choix imposé par l’actualité. Quant au documentaire intitulé “Algérie, sections armes spéciales“, il sera «reprogrammé ultérieurement», a dit la même source. Elle n’en dira pas plus. Des rediffusions sur fond de combat entre les Européens et le président américain, Donald Trump, on veut bien croire que c’est important, mais peut-être pas au point d’écarter un documentaire inédit sur une affaire qui a meurtri des générations entières…
«La diffusion (…) de ce film événement, prévue le 16 mars, a été déprogrammée par France Télévision. Pour l’heure, pas de nouvelle date. No comment», a écrit sur les réseaux sociaux l’historien français Fabrice Riceputi, tout en rappelant que la télé suisse RTS n’a pas versé dans les mêmes atermoiements, elle a diffusé le documentaire dimanche 9 mars. Vous me direz aussi qu’entre la Suisse et l’Algérie il n’y a pas le même passif colonial.
Pour rappel le documentaire de 53 minutes a été concocté par Claire Billet, qui s’est basée sur les travaux de l’historien Christophe Lafay ainsi que les récits et archives personnelles de militaires français, de résistants et de civils algériens. «On a parlé de la torture, des massacres, des viols, des déplacements de population… Mais la guerre chimique est un sujet qui était passé inaperçu», a argué l’historien.
C’est la toute première fois depuis l’indépendance que ces horreurs balancées par l’armée française ont pu être documentées et jetées sur la place publique. Durant ses recherches Christophe Lafay a pu exhumer les preuves de l’usage de ces armes décriées par les autorités coloniales. L’historien a pu délimiter les zones et la période de la guerre d’Algérie où les soldats français ont commis ces crimes de guerre…
Les faits se sont déroulés entre 1956 et 1962, notamment dans les Aurès et en Kabylie, pour déloger les combattants de l’ALN (Armée de libération nationale) qui s’abritaient dans des grottes. Il ne faut pas oublier les victimes au sein de la population civile. Le chercheur a pu recenser 450 opérations militaires menées avec des armes chimiques durant la guerre d’Algérie.
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