Cela se passe dans le parti du favori – disent les sondages – de la prochaine élection présidentielle, le jeune Jordan Bardella, 29 ans à peine. Mais tellement de choses peuvent se passer d’ici 2027. Pour le président du Rassemblement national (RN) l’heure est au nettoyage dans ses rangs. C’est devenu une urgence absolue après le déballage explosif du média en ligne « Les jours« . Bardella ne peut pas aller à l’élection (si la justice barre la route de Marine Le Pen) avec tout cet attelage raciste, xénophobe, islamophobe, homophobe et antisémite. Il est contraint de faire le ménage s’il veut se donner une chance de forger un destin national.
Marine Le Pen était allée jusqu’au Sénégal pour prouver que…
C’est le secrétaire général du groupe RN au Parlement, Renaud Labaye, qui a été missionné pour cette affaire ; il a écrit hier mardi 17 juin à ses députés pour leur demander de quitter illico tous les groupes Facebook qui font la promotion de ces horreurs. D’après une information livrée par Franceinfo, il a «une nouvelle fois envoyé un message à cet effet la semaine dernière (du 9 au 15 juin, NDLR) dans la boucle WhatsApp des députés RN». Les concernés se plieront certainement à cette injonction électoraliste mais ça ne changera pas fondamentalement ce qu’ils sont. C’est bien ça le problème, celui de la France : ce poison du racisme qui s’est ancré et prospère.
Pour donner de la consistance à l’entreprise de dédiabolisation de l’encombrant héritage de son papa, le Front national, Mme Le Pen était allée jusqu’au Sénégal, en Afrique de l’Ouest, en janvier 2023. C’est dire les efforts « surhumains » qu’elle a dû faire pour mériter le vernis de Parti républicain. Mais voilà, l’an dernier de nombreux candidats aux législatives ont été épinglées pour des dérives nazies, pétainistes ou suprémacistes. Bardella a frappé en leur retirant l’investiture du parti mais les dernières révélations sont bien la preuve que le mal ne s’extirpe pas comme ça.
Que d’horreurs dans la page Facebook «Jordan Bardella», avec ses 84 000 membres dont 16 députés RN ou apparentés. Et d’ailleurs 4 d’entre eux figuraient sur la liste des administrateurs, ils pouvaient modérer tous les contenus et au besoin bloquer l’accès à certains membres ou carrément les exclure. Ils n’ont rien fait de tel. Entre le 1er et le 8 juin 2025, le média a débusqué près d’une centaine de commentaires racistes et «d’appels à la haine et au meurtre, souvent d’une violence inouïe, rédigés par des adhérents, sympathisants et militants du RN».
On peut évoquer les propos inqualifiables du genre «sales arabes» ou «fini à l’urine», ou quand l’ancien Premier ministre Gabriel Attal est qualifié de «salope». Même le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, n’est pas épargné. La ministre de la Culture Rachida Dati est pointée pour ses origines, à ajouter aux injures judéophobes. Des discours qui n’ont pas été modérés et encore moins signalés à la plateforme. Ce n’est pas l’idée que l’on se fait d’un parti républicain.
«Négresse», «singe», «bonobo»…, de Jean-Marie Le Pen à sa fille rien n’a changé
Pas plus tard que cette semaine Mediapart a déballé les débordements de l’ancienne chargée des relations avec la presse de Marine Le Pen, Caroline Parmentier. Le journal d’investigation a relaté sa pléthore de textes racistes et antisémites, durant des années, quand elle était rédactrice à « Présent ». Cela ne l’a pas empêchée de porter les couleurs du RN aux législatives dans le Pas-de-Calais…
La députée ne s’est pas gênée pour fustiger le «lobby juif», pour pointer l’homosexualité dans la propagation du sida, pour célébrer l’artisan de la collaboration, le maréchal Pétain, pour traiter Simone Veil de «grosse» et dénoncer les «supporters babouins» dans les stades. Elle n’a jamais renié ces discours et encore moins présenté formellement des excuses.
En décembre 2024 une autre enquête pointait les agissements des députés Philippe Ballard, Alexandre Sabatou, Alexandre Loubet ou Claire Marais-Beuil. Ils avaient été pris en flagrant délit d’injures racistes contre l’ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira et l’élue de la France insoumise (LFI) Danièle Obono. «Négresse», «singe», «bonobo»…. Tout y passait. On ne parle pas d’un ou de deux excités, on parle d’un imposant groupe, avec de grands noms du parti.
En juillet 2024 Bardella a osé avancer des écueils techniques et humains pour justifier l’inaction : «en 48 heures, nous avons dû investir 577 candidats sur toute la France. 99,9 % d’entre eux sont des personnalités que nous connaissons, respectables, respectées». Le député européen évoquait «quelques brebis galeuses» et réfutait toute filiation idéologique et historique entre ces gens et le RN. Pourtant Jean-Marie Le Pen, qui a popularisé l’extrême droite en France, débitait exactement les mêmes ignominies.
Début juin le député LFI Thomas Portes avait officialisé un signalement auprès de la procureure de la République de Paris, sur la base de l’article 40. Le vice-président du RN, Sébastien Chenu, était vite monté au front : «Nos députés, sur lesquels on n’a en plus aucun doute, vont quitter ou ont quitté déjà ce groupe». Engagement non tenu puisque 15 jours après ils continuaient de se répandre sur le groupe Facebook, obligeant les responsables du parti à les rappeler à l’ordre.
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