Monde

France : Le Pen voulait renvoyer les Algériens, ses 89 députés entament la démolition

France : Le Pen voulait renvoyer les Algériens, ses 89 députés entament la démolition

Le président français, Emmanuel Macron, a beaucoup fait pour “apaiser les mémoires et bâtir un avenir commun radieux avec l’Algérie, et cette dernière le rend bien à la France avec des gages solides. Mais le paysage politique français a changé depuis le 19 juin 2022 et ce qui se joue actuellement à l’Assemblée nationale est de nature à réveiller les démons du passé…

La première séance parlementaire de la nouvelle législature, comme à l’accoutumée, a été présidée par le doyen des députés. Il se trouve que c’était José Gonzalez, élu dans les Bouches-du-Rhône sous les couleurs du Rassemblement national (RN). L’homme, qui a vu le jour en Algérie avant les accords d’Evian de 1962, s’est lancé dans un discours qui en a étonné et choqué plus d’un. “J’ai laissé là-bas une partie de ma France et beaucoup d’amis. Je suis un homme qui a vu son âme à jamais meurtrie“, a-t-il dit du haut de la tribune, avec des trémolos dans la voix…

Et bien pour ça il a été applaudi, ce qui a ulcéré les élus de la NUPES (Nouvelle union populaire socialiste et écologique). Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, s’en est indigné sur BFM TV : “c’est curieux que quelqu’un soit venu plaider sa nostalgie pour l’Algérie française et qu’il y a une partie qui l’a applaudi“. Il a ensuite fait une funeste prédiction : “le front républicain est en train de s’effondrer“…

Ouverture de la XVIe législature et applaudissements nourris pour le discours du doyen de l’Assemblée (RN) en forme d’ôde à l’Algérie Française. Angoisse“, a tweeté pour sa part la députée de la Drôme Marie Pochon, elle aussi appartenant aux rangs de la Nupes. Idem chez sa collègue du Bas-Rhin Sandra Regol, qui s’est déclaré “abasourdie” par les ovations ; elle parle carrément de “déchéance“.

Le député RN José Gonzalez, pas peu fier de sa sortie, en a remis une bonne louche devant les journalistes. “Si je vous emmène avec moi en Algérie, (…) dans le Djebel, vous verrez beaucoup beaucoup beaucoup d’Algériens qui n’ont jamais connu la France, et qui nous disent: ‘monsieur, quand est-ce que vous revenez (…). Franchement, je ne suis pas là pour juger si l’OAS a commis des crimes, je ne sais même pas ce qu’était l’OAS ou presque pas“, a-t-il asséné.

L’écologiste Sandrine Rousseau s’en est émue. “C’est inadmissible dans cet hémicycle là. (…) Je trouve que cette nostalgie de la colonisation à l’intérieur de notre hémicycle dis à quel point la dédiabolisation est tombée. Il a suffit d’un discours pour que ça tombe“, a dit la députée.

Par contre, comme on pouvait l’imaginer, les “lepénistes” savourent le trouble qu’ils ont jeté dans le Parlement, le coeur de la République. Le président par intérim du RN, Jordan Bardella, a magnifié un “discours émouvant et rassembleur” servi par un des siens. “Il nous a tous rendus fiers“, a-t-il lâché.

Même son de cloche chez Louis Alliot, maire RN de Perpignan ; il est allé jusqu’à minorer l’émoi provoqué par le tollé. “Le discours de monsieur Gonzalez faisait référence à sa vie en Algérie, qui était sa terre natale, et où il a enterré ses grands-parents“, a argué l’ex-compagnon de Marine Le Pen, droit dans ses bottes.

Voilà, on a ici un avant-goût du raffut que feront les 89 élus du RN, sur tous les sujets, même les plus explosifs. Le Pen avait ouvert le feu sur les Algériens en novembre 2021. Après elle a réduit la voilure pour passer le flambeau à Eric Zemmour. D’excès en excès, ce dernier a fini par lasser et surtout terroriser les électeurs français. In fine il n’a pas survécu aux législatives de juin 2022… 

On peut compter sur la fille de Jean-Marie Le Pen, qui lui-même a fait la guerre d’Algérie et y a commis des horreurs indicibles, pour continuer “l’oeuvre” de Zemmour. Elle le fera à sa manière, avec plus de doigté et de duplicité, mais elle le fera.

 

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut