A la une

France-Légalisation du cannabis : la Maire de Strasbourg ouvre la brèche…

Partager

Entre la France qui serre la vis et traque tout ce qui ressemble à du cannabis et l’Allemagne qui vient d’autoriser sa consommation et sa culture la maire écologiste de Strasbourg, Jeanne Barseghian, a fait son choix : Ce sera l’Allemagne. L’édile de la vile qui abrite le Parlement européen veut se lancer dans une «expérimentation» locale de cette légalisation. Ça ne plaira pas du tout au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, lui qui a décidé de débusquer les trafiquants dans tous les recoins du pays…

Mme Barseghian a fait publiquement cette requête ce mardi 2 avril, le même jour où débute dans sa ville l’opération «Place nette XXL», menée par les forces de police et de gendarmerie pour combattre les trafics de drogues, sous la houlette de Darmanin. La maire de Strasbourg, devant les médias, a plaidé pour une «expérimentation» locale de la légalisation pour en finir avec une doctrine répressive dont les effets sont «peu probants».

Depuis hier lundi c’est l’ébulltion de l’autre côté du Rhin, en Allemagne ; une clameur qui n’a pas épargné la ville de Kehl, une ville allemande frontalière de Strasbourg. Que doivent faire les nombreux Strasbourgeois qui résident, travaillent et font du business dans cette ville frontière ? Que faire alors que le réseau de transports est le même, surtout le tram, alors que des deux côtés les fumeurs et cultivateurs de cannabis n’ont pas du tout le même destin ?

 «Sur un bassin de vie commun, nous allons avoir deux réglementations différentes, presque diamétralement opposées, entre l’Allemagne, autorisant la consommation récréative de cannabis, et la France, présentant l’une des législations les plus répressives d’Europe», argue la maire. «Evidemment, ça interroge, et ça ne va pas manquer d’interroger la population», ajoute-t-elle, en soulignant la densité des «flux permanents» entre les deux pays en passant par Strasbourg.

«Le fait qu’un pays européen comme l’Allemagne, attaché à l’ordre public et à la santé publique, décide de faire évoluer sa législation montre bien qu’une politique purement répressive ne lui a pas semblé satisfaisante ni efficace (…). A mon avis, ça doit nourrir une réflexion» sur les orientations politiques des Français dans ce dossier, martèle Mme Barseghian..

Cette sortie n’est pas passée inaperçue, de nombreux élus de l’opposition y perçoivent «un signal de tolérance voire de mansuétude face aux dealers de cannabis présents dans les quartiers». Ils accusent la maire écologiste de verser dans le «buzz avec de la beuh».

La maire de Strasbourg ne se démonte pas face aux critiques, elle met en avant les chiffres de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies qui disent que 47,3% des Français adultes avouent avoir déjà fumé du cannabis, un chiffre qui explose tous ceux des autres pays de l’UE. La France affiche 5 millions d’usagers de cannabis, d’après l’Observatoire français des drogues…

«En tant que maire de grande ville, je suis confrontée au quotidien à des interpellations d’habitants qui légitimement s’inquiètent de trafics qui perdurent et qui génèrent des sentiments d’insécurité, voire de la délinquance et une économie parallèle», soutient l’élue.

«Ces clubs ne seront pas des lieux de consommation, il n’y aura pas de coffee-shop», dit-elle face à la levée de boucliers ; elle milite pour une «approche prudente» et va «observer ce qui va se passer en Allemagne, ce que cette législation va générer en termes d’usages, de politique de sécurité, de baisse – ou pas – des trafics, de santé publique».

«Il me semblerait intéressant d’ouvrir une expérimentation à une échelle locale transfrontalière, qui permettrait de tester à Strasbourg ce qui va être mis en œuvre côté allemand», propose la maire. Elle met en relief «l’expérience» et la maîtrise dans le domaine de la prévention et de l’accompagnement des usagers de drogues. Rappelons que Strasbourg et Paris sont les seules villes de France qui ont installé des salles de consommation pour atténuer les risques.

Mais Mme Barseghian n’a pas la main sur cette affaire, elle devra obtenir l’aval des autorités nationales ; elle mise sur le traité d’Aix-la-Chapelle, paraphé en 2019 entre la France et l’Allemagne et qui permet des «dérogations» dans «la réalisation de projets transfrontaliers», notamment en matière «sanitaire».

 

 

 

Laissez un commentaire