En France les citoyens comme les politiques sont happés par une crise politique inédite, avec une impossibilité pratique de bâtir une majorité parlementaire classique pour gouverner le pays. Quant au Rassemblement national (RN) il panse ses plaies et rumine sa vengeance, privé de majorité par la forfaiture – ça c’est l’extrême droite qui le dit – de la coalition contre-nature entre le camp présidentiel et l’union de la gauche. Jordan Bardella a fait une très mauvaise campagne, il s’est s’égaré sur les sentiers des binationaux et s’est renié sur des promesses phares. Le jeune et inexpérimenté président du RN ne pouvait pas rester sur cette déroute, il fallait rebondir. Ce sera au Parlement européen, avec son gros contingent de députés qui défraye déjà la chronique.
Bardella n’a pas eu le Premier ministère, rendez-vous en 2027…, à moins qu’un autre séisme politique en décide autrement. En attendant le poulain de Marine Le Pen réaffûte ses armes et déplace ses combats au Parlement européen. Il a été désigné hier lundi 8 juillet à la tête du groupe «Patriotes pour l’Europe», une formation montée par le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui occupe actuellement la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne (UE) et qui a ulcéré ses pairs en se rendant en Russie et en Chine.
Orban n’a pas été mandaté par les dirigeants européens pour faire tous ces déplacements, mais il n’en a cure, c’est un grand ami de Vladimir Poutine et il tient à ce que ça se sache durant les 6 mois où il va piloter l’UE. C’est avec cet homme là que Bardella va travailler. En même temps vous me direz que c’est un retour aux sources pour le RN puisque Mme Le Pen s’était rendue à Moscou en 2017, et depuis elle traîne comme un boulet les chèques que lui a signés Poutine, de l’argent qu’elle aurait rendu, dit-elle.
Le RN n’a pas joué franc jeu avec ses électeurs en leur disant que les 30 députés élus le 9 juin dernier iront grossir les rangs d’Orban. Mme Le Pen et Bardella n’ont pas jugé utile de le faire, ils considèrent que ces eurodéputés “leur appartiennent” et qu’ils sont libres d’en disposer comme bon leur semble. C’est aussi un des aspects de l’extrême droite, pour ceux qui en doutaient encore. Toujours est-il qu’avec ses 30 élus le RN écrase le groupe nationaliste d’Orban et en prend très logiquement la tête. Reste les personnages que Bardella va fréquenter…
On ne peut pas passer à côté du sulfureux général italien Roberto Vannacci, qui arborait l’étendard de la Lega (extrême droite) aux élections européennes. C’est lui a été nommé vice-président des «Patriotes pour l’Europe», donc le second de Bardella. Mais voilà, le haut gradé est un fan du fasciste Benito Mussolini, le “Duce“, serviteur zélé de l’artisan du nazisme Adolf Hitler. Le général Vannacci avait provoqué un tollé en publiant des écrits homophobes et xénophobes, ça n’a pas été un frein pour être élu eurodéputé, bien au contraire.
Parmi les “perles” signées par le général italien on servira : «Chers homosexuels, vous n’êtes pas normaux. Il faut s’en remettre ! La normalité, c’est l’hétérosexualité. Mais si tout vous semble normal, c’est à cause des intrigues du lobby gay international qui a banni des termes qui, il y a quelques années encore, figuraient dans nos dictionnaires : pédéraste, folle, inverti, tapette, emmanché, fiotte, tafiole, lopette, tarlouze, sodomite — qui sont aujourd’hui susceptibles de vous faire passer devant un tribunal»…
Il y a ça aussi : «Je pense que l’avortement une nécessité malheureuse à laquelle les femmes sont obligées de recourir. Je ne crois pas que ce soit un droit. Je suis contre». Est-ce que les Français savaient que Bardella allait pactiser au Parlement européen avec un type pareil ? Assurément Non, au regard de la campagne électorale lisse et sans vagues orchestrée par le président du RN, dans la droite ligne de la dédiabolisation du parti, parfaitement réussie par sa cheffe de file, il faut l’admettre.
L’armada du parti lepéniste a fait des «Patriotes pour l’Europe» la troisième force du Parlement européen et elle fera beaucoup de bruit très prochainement. Forcément ils feront jaser puisque le Premier ministre hongrois assume ouvertement son projet : Barrer la route à tout appui militaire à l’Ukraine face à la Russie, s’opposer à «l’immigration illégale» (et même légale mais ils se gardent de le crier sur les toits) et promouvoir la «famille traditionnelle»…
Donc les homosexuels, transsexuels et transgenres sont priés d’aller voir ailleurs, ce n’est pas Bardella qui fera leur bonheur. Mais il y a aussi le sujet de l’Ukraine. Le président du RN avait dit publiquement que s’il est élu Premier ministre il ne supprimera pas l’aide militaire que la France apporte à Kiev, sauf sur deux lignes rouges : Des armes à longue portée pour frapper la Russie et l’envoi de soldats français sur le sol ukrainien. Le pacte avec Orban démontre que Bardella a avancé masqué et qu’il n’a pas dit toute la vérité aux Français.
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