On vous disait le 14 janvier que le Premier ministre François Bayrou lors de son discours de politique générale a distribué des bonbons à gauche et à droite pour éviter la frappe fatale qui avait emporté son prédécesseur. Il continue de plus belle ce jeudi 16 janvier, à quelques heures de l’examen et du vote de la motion de censure dégainée par la France insoumise (LFI) dès la nomination de Bayrou. Cette fois ce sont les riches qui vont trinquer, sacrifiés sur l’autel du Pacte de non-censure avec le Parti socialiste (PS)…
La réforme des retraites et la taxation des hauts revenus sont les exigences majeures des socialistes. Mais comme la refonte du texte sur les retraites prendra du temps (le chef du gouvernement a donné 3 mois aux partenaires sociaux) Bayrou fait mouvement sur l’imposition des fortunés. Faire payer les riches non seulement c’est très populaire en France mais en plus ça rapporte gros. Le Premier ministre a confirmé au Sénat qu’il maintient cette disposition mentionnée dans le budget 2025.
Le PS appréciera beaucoup cette marque de sollicitude, lui qui tangue entre le vote du texte de LFI et l’apaisement pour éviter le cataclysme politique et économique d’un naufrage rapide du gouvernement, après le très bref règne de Michel Barnier, moins de 2 mois. Après les socialistes devront s’arranger avec les autres camarades du Nouveau Front populaire (NFP) notamment Jean-Luc Mélenchon, qui a lancé des noms d’oiseau quand Olivier Faure s’est assis à la table de Bayrou.
Bayrou, en présentant ce jeudi aux sénateurs sa politique générale, a confirmé le «maintien» dans le projet de loi de finances pour 2025 de la «contribution différentielle sur les hauts revenus». Cette taxe, qui devait générer 2 milliards d’euros dans la version concoctée par Barnier, sera remplacée par «un nouveau dispositif pérenne de lutte contre une injuste optimisation fiscale». Elle est programmée «au plus tard» pour le budget 2026, a précisé Bayrou dans une lettre envoyée aux chefs des députés et sénateurs socialistes.
Le courrier est parti peu avant l’examen à l’Assemblée nationale de la motion de censure des insoumis. Après ça il sera très difficile pour le PS de ne pas faire une infidélité au bouillant Mélenchon. Faure sait que l’insoumis fulminera, qu’il éructera, vociférera, mais ce sont aussi là les limites de toute alliance politique, forcément hétéroclite, avec des intérêts divergents par moments.
Les socialistes, portés par l’ancien président et député François Hollande, ne pouvaient pas enterrer leur statut de parti de gouvernement, de formation responsable. Ce ne sont pas les mêmes emportements que l’extrême gauche tout de même, leurs militants ne suivraient pas. Le NFP se reformera sur d’autres combats. Par ailleurs Bayrou n’a pas donné que ça comme gage à la gauche…
On peut parler de l’annulation des suppressions de postes dans l’Education nationale ou de l’abandon des jours de carence supplémentaires dans la fonction publique. Ce sont des revendications éminemment socialistes, personne n’ose dire le contraire. En cédant sur tout ça Bayrou regarde aussi vers sa droite mais surtout l’extrême droite. Il ne faut jamais oublier que c’est le Rassemblement national et la gauche qui avaient fracassé le gouvernement de Barnier.
Après ces concessions face au PS le Premier ministre trouvera certainement quelque chose pour faire le bonheur de Marine Le Pen, Jordan Bardella et compagnie. Pourquoi pas de nouveaux textes sur l’immigration, la sécurité, l’Islam de France… Ce sont des sujets qui marchent à tous les coups avec l’extrême droite. Et si cette dernière est contente, la droite et son nouveau champion – le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau – le seront. Bayrou fera en sorte que la gauche et l’extrême droite ne se retrouvent plus sur une motion de censure. En tout cas le chef du gouvernement tentera, je ne dis pas qu’il tiendra longtemps dans cet exercice d’équilibriste.
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