Le Français Bernard Arnault est un génie des affaires, il a semé aux quatre coins du monde l’art de vivre et le luxe à la française, et les recettes le lui rendent bien. Au point qu’il est assis sur une fortune astronomique de 169,3 milliards de dollars. Le puissant patron de LVMH a même été en décembre 2022 l’homme le plus riche de la planète, devant Elon Musk. Mais le Français a un problème, énorme : il choisit mal ses fréquentations. Pour un homme de son calibre c’est très fâcheux et surtout ça fait tache. En septembre 2023 il a été cité dans une sombre affaire de blanchiment d’argent, avec l’oligarque russe Nikolaï Sarkisov. C’est un autre dossier qui l’a amené au Tribunal ce jeudi 28 novembre.
Le businessman était à la barre ce matin, dans le cadre du procès de l’ex-chef du renseignement intérieur Bernard Squarcini. Ce dernier est accusé d’avoir usé et abusé de ses réseaux pour recueillir des informations confidentielles et privilèges, pour sa personne mais surtout pour servir la soupe au patron du groupe de luxe.
L’homme d’affaires est traîné à la barre par les avocats de l’intraitable député d’extrême gauche François Ruffin (ex-élu de la France insoumise), une vielle connaissance d’Arnault. En janvier 2023 il avait tiré sur les méga profits du grand patron alors que ses salariés étaient sous-payés. Ruffin est partie civile dans ce dossier. Ce qu’il reproche au PDG de LVMH c’est d’avoir sollicité la surveillance du journal “Fakir” et de celui qui deviendra député, entre 2013 et 2016.
L’opération était pilotée par Squarcini et une brochette de prestataires du groupe. À l’époque Ruffin tournait «Merci Patron», un film satirique sur le ténor mondial du luxe. L’oeuvre rafla en 2017 le César du meilleur documentaire. Le réalisateur terrifiait la multinationale, elle redoutait le sabotage de ses Assemblées générales et l’opprobre devant le monde entier. Le dossier sur le bureau des juges d’instruction est très touffu et le procès pourrait déballer d’autres scandales…
Arnault a été auditionné par les magistrats mais ni lui ni son groupe ne seront jugés avec Squarcini et 9 autres suspects. Pour la simple et bonne raison que fin 2021 LVMH a trouvé un accord avec le Parquet, ce sera tout au plus une convention judiciaire d’intérêt public (CJIP), comprenez un gros chèque en échange de l’arrêt des poursuites. En l’occurrence le groupe a déboursé 10 millions d’euros pour être tranquille.
Ruffin a dénoncé énergiquement cette transaction, a même saisi la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), il a été débouté en mai 2023. Un revers judiciaire de plus. Peu avant le procès de Squarcini le député et ses avocats, Mes Benjamin Sarfati et Laure Heinich, ont pointé un «procès amputé de la tête», dans lequel il manquait le «donneur d’ordre». Ils crient dans le désert…
Cela n’a pas empêché Ruffin de traîner le grand patron devant la justice civile, il réclame 1 euro symbolique.
Après l’audition d’Arnault les plaidoiries des parties civiles suivront puis les réquisitions du ministère public. Le procès se termine demain vendredi avec les plaidoiries de la défense.
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