A la une

France : L’imam tunisien expulsé possédait une entreprise de construction, ses clients se retournent contre l’Etat

France : L’imam tunisien expulsé possédait une entreprise de construction, ses clients se retournent contre l’Etat

L’imam tunisien Mahjoub Mahjoubi a été prié – c’est plus violent que ça en réalité – de rentrer au bercail, en Tunisie, suite à sa condamnation pour “appels à la haine”. Son avocat a bataillé pour lui éviter l’expulsion, en arguant que l’homme avait deux épouses et onze enfants, rien n’y a fait. Le Tunisien a été balayé par le dispositif express (moins de 12 heures pour exécuter une expulsion) que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin exhibe fièrement et qui depuis a fait une autre victime, un Algérien. Ce que l’avocat du Tunisien a omis de dire c’est que son client était à la tête d’une entreprise de construction qui tournait à plein régime et que son départ brutal cause de sacrés dégâts.

Une vingtaine de citoyens se disent «les victimes collatérales de l’expulsion de Mahjoub Mahjoubi». En effet l’homme détenait 49% des parts de la société Provence Villas, le reste appartenait à sa femme. Il est parti en laissant en rade les chantiers. «De nombreuses personnes sont victimes de cette situation. Clients, artisans, fournisseurs», soulignent 17 plaignants dans un message commun. Ils ont décidé de porter l’affaire devant la justice. «Entre l’argent avancé par les clients pour des travaux non réalisés et les artisans qui attendent d’être payés pour les travaux effectués, les victimes sont perdantes d’environ un demi-million d’euros au cumul», dit la même source.

L’imam tunisien a confié au Midi Libre que «le comptable a arrêté sa mission et n’a plus fait de déclaration, une semaine après son expulsion» qui aurait engendré tous ces désagréments. «Aujourd’hui, on a une dette colossale avec la TVA et l’Urssaf (…) Tous nos comptes bancaires ont été clôturés, même ceux de mes enfants mineurs ! Celui de la société Provence Villas aussi ! Je n’ai plus rien. Il n’y a plus d’argent sur le compte de Provence Villas», assène le Tunisien.

Mahjoubi ajoute qu’il a demandé à son avocat de déposer le bilan, ce qui a précipité dans la panade tous les artisans et clients qui gravitaient autour de lui. Ils ont même monté une cagnotte en ligne pour sortir de l’ornière. Les montants avancés à l’entreprise et considérés comme définitivement perdus vont de 6000 à 60 000 euros, avec une somme moyenne de 21 000 euros.

«J’ai payé 102 000 euros mais je n’ai que le quart de la maison, que les murs. On devait emménager en juin», se lamente un des clients de l’imam, Keven Peuvrel, dans le journal régional. Il a confié qu’il est «pris à la gorge», entre la facture du loyer et son prêt à rembourser.

Rappelons que le 4 mars dernier le Tribunal administratif a tranché en disant que le discours de Mahjoubi était «soit de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de l’Etat, soit constituent des actes de provocation explicite et délibérée à la discrimination ou à la haine ou à la violence contre une personne déterminée ou un groupe de personnes». Le juge avait signé son expulsion le 22 février 2023, une mesure que le Conseil d’Etat a confirmée le 29 mars. L’imam est parti mais les problèmes eux restent.

 

 

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut