Le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, avait la forme des grands jours hier mardi 13 mai dans la soirée, en direct sur TF1, de 20h15 à 23h25. Un marathon médiatique auquel peu d’hommes et femmes politiques osent s’essayer. Mais on le sait, l’homme maitrise parfaitement cet exercice et il est encore meilleur quand en face les journalistes ou les téléspectateurs le bousculent. Hier ils étaient 5 millions en moyenne à le suivre, sur plus de 3 heures de live ce n’est pas mal du tout. Surtout qu’en face, sur les autres chaînes d’information, on avait du lourd, avec la visite triomphale du président américain dans le Golfe.
Le président français, que beaucoup avaient enterré après le crash de la dissolution et la bérézina des législatives anticipées, a été ragaillardi par les développements de la conjoncture internationale. Il a pris le leadership européen sur le soutien à l’Ukraine, annoncé la prochaine reconnaissance de l’Etat palestinien, pris la tête de la guerre commerciale contre les USA – en mode pause actuellement – et de la Défense européenne, etc. Tout ça lui a insufflé une énergie qui inspire d’autres combats.
Hier il a égrainé des tas de sujets, principalement sociaux, sociétaux, économiques et financiers ; il a ouvert la porte à une ribambelle de référendums sur des sujets majeurs. Macron peut d’autant plus pousser ses pions pour reprendre la main sur les dossiers internes que le gouvernement et surtout son chef, François Bayrou, ne déchaînent pas les passions autour de leur capacité à régler les problèmes des Français.
Le président de la République a une revanche à prendre, lui qui a causé la dislocation de sa majorité parlementaire avec son histoire de dissolution de l’Assemblée nationale. Alors pourquoi pas un troisième mandat pour solder tout ça et laisser des traces plus favorables dans les annales de l’Histoire ?
C’est un puissant ressort qu’il ne faut pas minorer, il ne faut pas sous-estimer la volonté de Macron de s’inscrire dans cette trajectoire. Le sujet est revenu hier sur TF1, le chef de l’Etat a déclaré qu’il n’avait pas «réfléchi» à l’après-deuxième mandat. La Constitution lui interdit formellement d’en briguer un autre en 2027…
«Je suis le premier président de notre histoire qui n’a pas le droit constitutionnellement de se représenter. Je ne pense chaque jour qu’à une seule chose : notre pays, aller au terme de notre mandat. Je me battrai jusqu’au bout», a-t-il argué. Mais dans les faits rien ne l’empêche, constitutionnellement parlant, de se présenter à l’élection de 2032. «Quand j’aurai fini [l’actuel mandat], je réfléchirai à la suite. A ce moment-là, je pourrai vous répondre. Mais aujourd’hui, je n’ai pas réfléchi» a répliqué Macron sur TF1.
Donc concrètement il ne ferme pas la porte à un troisième mandat. Le carburant et la motivation pour 2032 il pourrait les trouver dans ce deuxième mandat tronqué par son revers aux législatives et l’impossibilité pratique d’aller au bout de ses réformes, même s’il essaye de passer par Bayrou pour les imposer. Il a été choisi par les Français en 2017 à l’âge de 39 ans, il aura 49 ans quand il sortira de l’Elysée. En 2032 il aura 54 ans, ça laisse de la marge…
Et puis il y a les confidence de l’été 2023, lors de la première «rencontre de Saint-Denis» avec les responsables des partis ; Macron avait déclaré que la limitation à 2 mandats présidentiels consécutifs – introduite dans la Constitution sous la présidence de Nicolas Sarkozy – était une «funeste connerie», ont rapporté les participants à ce rendez-vous. Depuis cette date les cadres macronistes propagent le bruit d’une troisième candidature, mais différée de 5 ans pour cause de verrou constitutionnel.
Beaucoup ont prêté au nouveau président du Conseil constitutionnel, Richard Ferrand, le projet de dégager la voie à un troisième mandat. D’autres avaient laissé entendre que Macron République pourrait écourter – démission – son second mandat pour ensuite se représenter dans la foulée, en arguant qu’un mandat abrégé équivaudrait constitutionnellement à un mandat nul, donc on aurait toujours droit à un second. Mais tout ça est trop alambiqué.
A noter que sous la 5e République aucun président n’a rempilé à trois reprises. Le plus jeune président de la République – Macron – et le plus jeune dirigeant français depuis Napoléon Bonaparte sera-t-il alléché par ce challenge ? On verra bien. Pour 2027, d’après les sondages, ça se jouera entre le Rassemblement national (extrême droite) et le candidat de la gauche unie. Le centre et la droite sont crédités de clopinettes. Donc clairement il y aurait une carte à jouer pour 2032, surtout si le prochain exécutif rate ses rendez-vous.
Pour le moment la cote de popularité du chef de l’Etat n’a pas rebondi de manière spectaculaire en dépit de son activisme à l’international, mais qui sait ce que la conjoncture nous réserve d’ici 2032…
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