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France : Macron s’est auto-piégé, ça finira mal dans tous les cas…

France : Macron s’est auto-piégé, ça finira mal dans tous les cas…

Droit sans ses bottes dans l’entretien avec TF1 et France 2 hier mercredi 22 mars. Pour ceux qui s’attendaient – surtout les syndicats et l’opposition de gauche – à des inflexions de la part du président Emmanuel Macron et bien c’est raté. Le chef de l’exécutif maintient son cap – certains diraient il fonce tête baissée – au risque de se crasher contre la grande majorité des Français qui vont manifester ce jeudi pour la neuvième fois et bloquer une bonne partie du pays. Mais Macron peut-il faire autrement ?

Trois options, toutes très mauvaises

Il est allé trop loin sur le dossier de la réforme des retraites pour faire machine-arrière. Certes une reculade serait applaudie par la rue mais serait aussi interprétée comme un aveu de faiblesse. Et ça aurait un coup politique élevé. En effet le gouvernement n’a sauvé sa peau que grâce aux vois des députés Les Républicains (LR) – la droite. Il faut aussi rappeler que c’est la même droite, majoritaire au Sénat, qui a permis au projet de Macron de survivre…

Tout repli saperait définitivement les bases de cette alliance de circonstance entre la majorité et la droite, sans que le président de la République ait l’assurance de pouvoir compter sur une gauche parlementaire fluctuante et où les députés de la France insoumise  (LFI) – extrême gauche – pèsent lourd. Quant à une alliance avec les 89 élus du Rassemblement national (RN) – extrême droite – n’en parlons même pas.

Macron ne peut pas non plus se défausser sur la Première ministre Elisabeth Borne en lui faisant porter la responsabilité de l’ébullition de la France. En effet le report de l’âge légal de départ à la retraite – de 62 à 64 ans – est un projet du chef de l’Etat et il s’est mis en première ligne pour le défendre. Il avait même voulu l’imposer dès son premier mandat mais quand on aspire à un second quinquennat ce n’est pas le genre de réforme qu’il faut entreprendre. Macron savait ce projet très impopulaire et donc seul un dernier mandat permet de l’attaquer…

Le président ne peut pas se planquer derrière sa Première ministre comme Feu Jacques Chirac l’avait fait avec Alain Juppé en 1995, qu’il a livré sans états d’âme à la vindicte populaire. Macron, même s’il est fortement tenté, ne peut pas faire sauter le fusible Borne. En tout cas pas maintenant. Certes la Première ministre s’y est préparée, l’a dit dans une réunion à l’Elysée mais elle sait aussi que le président n’a pas les moyens de la sacrifier tout de suite. Il faudra qu’il enrobe ça dans un nouveau programme pour donner un second souffle à son quinquennat.

Il restait l’électrochoc de la dissolution du Parlement et des élections anticipées en espérant une majorité neuve et plus large. Macron l’a déjà évoquée en septembre 2022 mais il sait pertinemment qu’en l’état avec son impopularité croissante il donnerait un ticket gagnant à Marine Le Pen après ses deux échecs au second tour de la présidentielle. Et d’ailleurs c’est la raison pour laquelle les députés LR se sont désolidarisés de la motion de censure. La droite, qui n’est que la quatrième force politique du pays, n’a rien à gagner dans des élections anticipées…

Et si ce n’est pas le RN qui rafle la mise ce sera la gauche, sous la houlette Jean-Luc Mélenchon, qui attend son heure depuis qu’il a raté de peu la deuxième marche à la dernière présidentielle.

Le destin personnel passe avant le destin national

Dans cette affaire Macron prétend mettre en avant le destin national mais c’est plus sa place dans les annales de l’Histoire qu’il est en train travailler. En effet de l’avis de beaucoup de spécialistes cette réforme n’a pas le caractère urgent que lui donne le président et il y avait d’autres voies pour équilibrer les caisses de retraite, excédentaires pour le moment. Mais le chef de l’Etat a tenu à associer son nom à ce projet qui a fait reculer tant de gouvernements…

Macron arrivera peut-être à traverser la tempête – je dis bien peut-être – mais qu’adviendra-t-il de son héritage politique quand il aura tiré sa révérence ? Que deviendra son mouvement Renaissance quand il fera valoir ses droits à la retraite politique ? Donc dans tous les cas cette affaire finira mal et les dégâts s’étaleront dans le temps. Mais ça le président de la République n’en a cure en ce moment, l’essentiel est ailleurs.

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