Le Premier ministre «m’est apparu campé sur ses positions» sur les orientations du Budget de 2025, donc «en l’état» le gouvernement de Michel Barnier file droit vers une motion de censure au Parlement. Cette phrase, terrible, a été claquée ce lundi 25 novembre par la cheffe de file du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, au terme de sa discussion avec le Premier ministre. On la disait faiseuse de Rois, elle ne s’en privera pas, et ce n’est pas la gauche qui empêchera Barnier de battre le record de Gabriel Attal, dont l’équipe a tenu un peu moins de 8 mois…
Barnier a dit qu’il est prêt à faire ses cartons, Le Pen le prend au mot
«Ma position n’a pas évolué. Pas plus, semble-t-il, que n’a évolué celle du Premier ministre», a déclaré Mme Le Pen à sa sortie de Matignon. Barnier disait à qui veut l’entendre qu’il est prêt à faire ses cartons, son entretien avec la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale conforte l’inconfort du Premier ministre. C’est tout de même le premier parti au Parlement qui s’exprime là, ce n’est pas rien.
Barnier a ouvert ce lundi les consultations avec les groupes parlementaires d’opposition et il a commencé par le plus gros morceau, Marine Le Pen. Elle a débarqué à Matignon avec le député Jean-Philippe Tanguy, qui était cité pour le ministère des Finances si le RN avait gagné les législatives. Tanguy a dit ouvertement que le RN est bien parti pour voter «contre» le Budget…
Et il n’est pas le seul, le vice-président Sébastien Chenu également. «Michel Barnier crée les conditions d’une censure», a-t-il déclaré hier dimanche. La liste des reproches de l’extrême droite est longue comme le bras : la revalorisation des retraites, la taxe sur l’électricité, la «hausse de la contribution de la France à l’Union européenne» ou encore l’absence d’économies sur «le millefeuille de l’Etat» et «l’immigration».
Le RN ne pardonnera jamais la tambouille du Front républicain pour l’empêcher de gouverner
Bon, très objectivement il est difficile de faire mieux que Barnier dans la conjoncture financière et économique actuelle, sans oublier les risques de déflagrations sociales. Et même sur l’immigration le nouveau ministre de l’Intérieur a clairement annoncé la couleur et prépare une Loi encore plus corsée que celle de son prédécesseur. Alors que veut Mme Le Pen de plus ?! En fait ses réserves sont plus de l’ordre de la politique politicienne qu’autre chose, de la pure démagogie.
A noter que Barnier avait consulté plusieurs dirigeants de l’opposition avant sa déclaration de politique générale, mais pas Marine Le Pen ni sa collègue de La France insoumise (LFI) Mathilde Panot. Mal en a pris au Premier ministre, Mme Panot, qui sera reçue en fin d’après midi à Matignon, déballera aussi très certainement devant Barnier une liste très étoffée de griefs.
Pour Mme Le Pen la séquence, en dehors des points de friction, est éminemment politique. Ce bras de fer avec le Premier ministre est aussi une guerre de position pour tenter de jouer les premiers rôles quand Barnier tombera, ce que d’ailleurs le RN susurre depuis le début. L’extrême droite a fait profil bras au départ pour démontrer son sens des responsabilités devant les difficultés politiques et économiques du pays, mais n’a jamais caché sa rancoeur après la tambouille – Front républicain – qui l’a privée de la première place aux législatives.
Éjectée par la porte Lucie Castets revient par la fenêtre…
Même rancoeur dans les rangs de la LFI, c’est même pire pour les compagnons de Jean-Luc Mélenchon puisqu’ils sont arrivés premiers le 7 juillet 2024 et revendiquaient le droit de former le gouvernement. Le président Emmanuel Macron en décidera autrement. Jusqu’au bout il s’entêtera à retoquer la candidate du Nouveau Front populaire (NFP) Lucie Castets. Il ne faudra pas compter sur la gauche pour sauver les meubles de Macron…
Et devinez qui Mélenchon et compagnie remettent sur la table pour remplacer Barnier si la motion de défiance est votée : Lucie Castets.
Mme Panot a annoncé la couleur avant la rencontre de ce lundi avec Barnier : ce dernier «n’a pas de légitimité démocratique» et LFI déposera bien, avec le reste de la gauche, une motion de censure en cas de recours au 49.3 sur le Budget. Donc les choses sont claires : le gouvernement Barnier reste ce qu’il est depuis ses débuts, une équipe mal-née, frappée de malformation congénitale.
Par ailleurs il ne faut pas minorer la volonté de Mme Le Pen de renverser la table en espérant passer entre les gouttes pour changer les rapports de force dans le pays et conjurer l’épée de la Justice qui pourrait l’empêcher de candidater à la présidentielle de 2027. Quand on vous disait que la séquence est éminemment politique…
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