À quatre jours du procès sur les effondrements tragiques de la rue d’Aubagne, qui avaient coûté la vie à huit personnes le 5 novembre 2018, plusieurs milliers de Marseillais se sont rassemblés pour réclamer “justice” et “logement pour tous”.
Le drame de la rue d’Aubagne, qui avait bouleversé la France, incarne la négligence et l’inaction face à la crise du logement indigne. Les manifestants, environ 3 000 selon le collectif du 5 novembre, se sont réunis dans les rues de Marseille pour dénoncer les conditions de logement et l’impunité présumée des responsables.
Le 5 novembre 2018, l’effondrement des immeubles du 63 et 65 rue d’Aubagne avait révélé au grand jour le problème persistant de l’habitat insalubre dans les grandes villes françaises. Ce drame est emblématique de la situation dramatique des logements vétustes et dégradés, souvent négligés par des propriétaires peu scrupuleux.
À Marseille, comme ailleurs en France, des centaines de logements insalubres continuent d’abriter des familles, avec des risques de sécurité qui semblent largement ignorés.
Les manifestants se sont rassemblés devant ce qu’ils appellent aujourd’hui “la dent creuse”, l’espace laissé par les immeubles effondrés, pour observer une minute de silence en mémoire des victimes. “Ce procès concerne les familles des victimes, les parties civiles et aussi tous les Marseillais et Marseillaises”, a déclaré Kevin Vacher, membre du collectif et fervent défenseur du droit à un logement digne.
Mais au-delà du drame de la rue d’Aubagne, c’est l’habitat insalubre en général et l’impunité des responsables qui sont en cause.
Parmi les seize prévenus, se trouvent des copropriétaires, mais aussi un ancien adjoint de Jean-Claude Gaudin, ex-maire de Marseille. Ces élus sont accusés d’avoir négligé la situation, voire d’avoir permis le développement d’un parc immobilier délabré, qui continue de défigurer le centre de Marseille.
La colère des Marseillais est vive, certains espérant que le procès aboutira à des sanctions exemplaires, comme l’inéligibilité de certains responsables.
La situation à Marseille est également marquée par des contradictions. Alexis Hellot, un habitant du quartier de Noailles, décrit “une atmosphère très bizarre”, où les stigmates de l’habitat insalubre côtoient les logements Airbnb, devenus omniprésents. Cette évolution contraste avec la misère qui persiste dans les quartiers populaires, où la présence de “marchands de sommeil” reste un problème.
Dans des quartiers comme Noailles, on assiste à une dichotomie saisissante : d’un côté, les familles modestes vivant dans des conditions précaires, de l’autre, des touristes parcourant les rues avec leurs valises à roulettes.
Le drame de la rue d’Aubagne est le reflet d’une problématique nationale, qui touche non seulement Marseille mais aussi d’autres grandes villes de France. Des centaines de milliers de logements demeurent insalubres, tandis que les investissements en infrastructures restent limités. En parallèle, la pression du tourisme et de la spéculation immobilière continue d’aggraver la situation, transformant l’accès à un logement sain et sécurisé en un privilège réservé à une minorité.
Le procès qui s’ouvre ce jeudi 7 novembre sera l’occasion de questionner non seulement les responsabilités des prévenus, mais aussi l’inaction de l’État face à une crise du logement qui dure depuis trop longtemps.
Laissez un commentaire