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France : Mme Le Pen a encore reculé et enfonce Bardella à deux jours du vote, un vrai désastre

France : Mme Le Pen a encore reculé et enfonce Bardella à deux jours du vote, un vrai désastre

Ah le difficile exercice du pouvoir, surtout dans une vieille démocratie comme la France où la parole est libre, même la plus hideuse. Le Rassemblement national (RN) expérimente déjà les souffrances du pouvoir exécutif alors que la messe n’est pas encore dite (les élections législatives de ce 30 juin et 7 juillet prochain). Ça s’étripe déjà entre le président Emmanuel Macron et son futur Premier ministre Jordan Bardella (ce sont les sondeurs qui le disent) autour de l’Armée – qui est son vrai patron ? – et autour des tours de vis promis par l’extrême droite. Forcément la sortie de Bardella sur les postes interdits aux binationaux devait avoir une suite. C’est l’ex-député RN du Loir-et-Cher, Roger Chudeau, qui a crevé l’abcès…

Il a donné le bâton pour battre l’extrême droite

L’occasion a été l’analyse, sur BFM, du débat télévisé entre le Premier ministre sortant Gabriel Attal, celui qui convoite son maroquin, Bardella et l’homme qui porte l’étendard du Nouveau Front Populaire (NFP), le patron des socialistes Olivier Faure. Pour illustrer la volonté du RN de fermer la porte aux binationaux pour certaines fonctions sensibles Roger Chudeau a convoqué un grand symbole de l’intégration à la française, l’ancienne ministre de l’Education Najat Vallaud-Belkacem. C’est elle que l’ex-élu a choisie pour montrer ce que l’extrême droite ne tolérera plus. Mauvaise pioche pour le camarade de Bardella.

Chudeau s’était déjà publiquement exprimé sur l’interdiction des «emplois ministériels» aux citoyens qui ont une double nationalité, mais l’intervention d’hier jeudi 27 juin dans la soirée a secoué le microcosme politique. Il voulait un «exemple précis», ce sera «Najat Vallaud-Belkacem, franco marocaine», une grande figure de la gauche (Parti socialiste). «Elle a détruit le collège public et surtout elle a voulu instituer des cours d’arabe au CP» a asséné l’ex-élu RN…

Conscient du tollé qui allait suivre, il a assumé «parfaitement» que la dame n’aurait jamais dû être nommée ministre du fait de sa double nationalité : «C’était une erreur, c’était pas une bonne chose pour la République (…). Je pense que les postes ministériels doivent être détenus par des franco-français», a-t-il martelé, suffisamment fort pour que ça arrive aux oreilles de Najat Vallaud-Belkacem, qui n’a pas tardé à répliquer avec la sobriété qu’on lui connait.

L’ancienne ministre s’est adressée au chef de l’Etat, sur X (ex-Twitter) : «Cautionnez-vous cela ?». Emmanuel Macron lui a répondu ce vendredi depuis la capitale de l’Union européenne, Bruxelles ; il a fustigé «une dissolution des esprits et des consciences» et le «racisme désinhibé» de l’ex-député RN.

Autre réaction, celle du sénateur PCF (Parti communiste français) Pierre Ouzoulias : il dénonce un «racisme à visage découvert». «Ce n’est pas une opinion, c’est du racisme. Chassez le naturel il revient au galop», embraye Thomas Portes, candidat NFP aux législatives. «Ce n’est pas juste Najat Vallaud Belkacem ou moi que vous insultez en disant ça. Ce sont des millions de Français qui se sentent attaqués», déplore Roland Lescure, ministre de l’Industrie et franco-canadien.

Marine Le Pen signe une sortie qui pèsera lourd

La réaction la plus spectaculaire est celle de la cheffe de file de l’extrême droite, Marine Le Pen, elle a pris ses distances avec Roger Chudeau, comme elle l’avait fait avec ses sympathisants qui s’étaient tristement illustrés sur France 2. Sur CNews ce vendredi Mme le Pen s’est dit «un peu estomaquée» devant «un avis personnel» de l’ex-député. Elle a vite enchaîné en précisant que ce discours sur des ministres binationaux est «totalement contraire au projet du RN»…

Ah oui ? Tiens donc, alors c’est quoi exactement le “projet du RN” ? De toute évidence l’extrême droite avance toujours masquée, au grand dam de ses électeurs, à deux jours du vote. C’est à tout le moins problématique pour un parti qui s’apprête à prendre toutes les clés de la maison, sans avoir clairement dit le cap qu’il a fixé pour la France et les Français. Le RN a reculé sur son programme économique, en arguant un vague audit préalable et en dégainant, déjà, les pépins financiers du pays.

Pour le reste de l’attelage, le plus lourd, le legs historique du Front national de Jean-Marie Le Pen (sécurité, immigration et tout le toutim), là aussi il est fort probable que le Conseil constitutionnel barrera la route, comme il l’a fait pour la Loi sur l’immigration en décembre 2023. Après ce couperet qu’est-ce qui restera des chimères que Mme Le Pen et Bardella ont vendues aux Français ? Rien !

La patronne des députés RN a tourné casaque et lâché Chudeau parce qu’elle sait que ce genre de fracas sur une ancienne ministre de ce calibre terrifie les électeurs du centre, indispensables pour décrocher cette majorité absolue (289 députés) sans laquelle le Parlement sera fatalement un terrain miné pour le jeune et inexpérimenté Bardella. Donc Mme Le Pen a encore reculé au risque de contredire son futur Premier ministre et de discréditer un peu plus son programme. L’affichage est désastreux, la gauche exulte et en redemande.

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