Hier on avait écrit ici même que les adversaires d’Emmanuel Macron s’étaient ridiculisés avec le flop de la motion de censure lundi dernier. Le Rassemblement national (RN) a été copieusement moqué pour avoir voté, à la surprise générale, le texte des députés de la Nupes (Nouvelle union populaire écologique sociale), supposés être les ennemis irréductibles des compagnons de Marine Le Pen. Mais ce qu’on avait oublié c’est l’embarras dans lequel cette affaire a mis ceux qui ont sauvé le gouvernement, la droite – les Républicains (LR). Et ce qu’ils préparent a de quoi effacer les sourires de Bruno Le Maire, Gabriel Attal et compagnie.
Une motion de censure dégoupillée cette fois par les élus LR, c’est ce qui pend au nez du gouvernement d’Elisabeth Borne et du chef de l’Etat, Emmanuel Macron. Rappelons que la droite, qui jusqu’ici brandissait une position médiane au nom de l’intérêt national, a été accusée de prendre fait et cause pour Macron. Piqué au vif, Bruno Retailleau, le leader des sénateurs LR, a lâché dans Le Figaro une probable motion de censure contre le gouvernement. Jean-Luc Mélenchon, le chef de file de la France insoumise (LFI), l’a pris au mot…
«Prenez votre élan, retenez votre souffle : hop ! Un moment de gloire est à votre portée dans l’intérêt du pays», a habilement glissé le candidat malheureux à la présidentielle. «Suivez mon conseil. Évitez de mettre des horreurs xénophobes et des délires libéraux dans votre motion, tenez-vous-en à la défense des droits du Parlement et vous aurez une très grande chance de convaincre les autres oppositions de voter avec vous», a-t-il ajouté, rapporte Le Point ce mercredi 26 octobre.
Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir de l’orgueil et aussi l’appât du gain électoral. La droite a été très touchée par les attaques de la gauche suite au rejet de la motion de censure, à laquelle il manquait 50 voix, leurs 61 voix au Parlement. Jusqu’ici LR étaient terrorisés à l’idée de faire tomber le gouvernement et provoquer des élections anticipées dans lesquelles ils pourraient laisser encore plus de plumes qu’en juin dernier. Il faut croire que la tentation Mélenchon fait son chemin, et les rêves de grand soir électoral avec.
Pour bien bétonner son affaire, le patron de LFI invite le président du groupe LR à s’inspirer de ce que «font les députés Nupes : leur texte ne comporte pas de mentions répulsives pour vous (…). Leurs arguments sont concentrés sur des références en défense de la démocratie parlementaire foulée aux pieds par les macronistes. Vous auriez pu la voter comme l’ont fait les RN à l’Assemblée», martèle-t-il…
«Le pouvoir macroniste existe et dure grâce à vous, le RN va encore vous tondre un peu grâce à cela», le gouvernement Borne chutera quand «Les Républicains le voudront enfin», ajoute-t-il, histoire de bien enfoncer le clou. Ça doit s’agiter en ce moment dans la tête des élus de la droite, et dans le camp Macron aussi.
Ce qu’a fait Mélenchon est redoutable politiquement. Le ‘Tous contre Macron’ au Parlement était impensable il y a à peine quelques jours, ça ne l’est plus depuis le coup de force raté de LFI et du RN. Bruno Retailleau avait dit dernièrement que la droite n’était pas prête à s’embarquer dans une telle aventure. La donne pourrait très vite changer…
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